Éditorial du bulletin « Combattre pour le socialisme » n° 72 (n° 154 ancienne série) - 13 mars 2019 :

 

Front unique contre l’instauration de l’État policier
et pour le retrait de la loi anticasseurs !
Front unique pour la défense du statut de la Fonction publique
et de tous les régimes de retraites !

Retrait des projets de loi et de «contre-réforme» du gouvernement Macron !

Pour cela, il y a urgence : il faut imposer la rupture de la concertation, de la pleine coopération des directions des organisations issues du mouvement ouvrier, en premier lieu des syndicats, avec Macron et sa politique.

 

Du communiqué du 6 décembre à l’adoption en première lecture de la loi dite «anticasseurs» :

L’avocat Marc Sureau tire simplement et nettement les leçons de l’adoption en première lecture de la loi dite «anticasseurs» : « Une liberté fondamentale a disparu ». Même s’il faut jusqu’au bout  combattre pour le retrait de la loi (voir déclaration de notre Groupe dans ce numéro), il est indispensable de reconstituer le film des événements qui conduit à ce vote.

Dans un communiqué du 6 décembre 2018, la totalité des directions syndicales (CGT, FO, FSU, UNEF) flanquées de la CFDT, CGC, UNSA, etc., à l’exception de Solidaires, osaient adopter un communiqué commun dans lequel la phrase qui importait était la suivante :

«Le dialogue et l’écoute doivent retrouver leur place dans notre pays. C’est pourquoi nos organisations dénoncent toutes formes de violence dans l’expression des revendications.»

Quelques jours plus tôt, la violence policière s’était déchaînée contre la manifestation des «gilets jaunes». Une vidéo diffusée par les flics eux-mêmes montrait des dizaines de lycéens à genoux sous la menace des matraques, aux Mureaux, pour s’être dressés contre la réforme du lycée.

La scène rappelait les pratiques de l’armée coloniale en Algérie, il y a 60 ans. Le rapprochement mérite d’être établi. Jamais depuis 1961 et la terrible répression de la manifestation parisienne en soutien au combat pour l’indépendance en Algérie – où, sous la houlette de Papon, des centaines de manifestants algériens avaient été jetés dans la Seine – la répression n’a eu une telle ampleur que celle qui a déferlé ces dernières semaines.

Elle a frappé les lycéens à un degré de brutalité inédit. Elle a aussi frappé les manifestations de «gilets jaunes». Car autant le gouvernement (tout comme le MEDEF) a considéré avec complaisance, et même comme une opportunité, tout ce que ce mouvement contenait d’objectifs réactionnaires (contre l’impôt et les cotisations sociales, contre les immigrés et les fonctionnaires), autant il n’entendait pas permettre à ce mouvement de s’en prendre à l’Élysée, à l’Assemblée nationale, bref, à l’État bourgeois lui-même. Il ne faut pourtant pas s’y tromper : la violence de la répression policière contre ces manifestations n’est pour le gouvernement qu’une répétition générale de la répression qu’il prépare contre tout surgissement du prolétariat et de la jeunesse contre sa politique.

Le communiqué intersyndical du 6 décembre – suscitant au sein des organisations syndicales un nombre significatif de dénonciations indignées – avait une signification très claire : celle d’un acte d’allégeance jusqu’au bout des appareils syndicaux au gouvernement Macron. Mais ce communiqué faisait mieux encore : il constituait un véritable laissez-passer au gouvernement pour renforcer l’arsenal législatif contre les libertés démocratiques, en premier lieu le droit de manifester. Ce laissez-passer, Martinez l’a confirmé à sa manière dans une interview à Politis du 30 janvier, lorsqu’interrogé sur «les violences dans les luttes sociales», il répond :

«Nous l’avons dénoncée dès 2016. Elle est le fait d’une infime minorité très bien organisée, dont nous connaissons les méthodes. Il faut isoler ces personnes. C’est le travail de la préfecture de police et du ministre de l’Intérieur. Il n’y a pas besoin pour cela de constituer des fichiers. Il est par ailleurs inadmissible que des policiers soient livrés à eux-mêmes et ne reçoivent que des ordres de dernière minute, mal adaptés. La désorganisation de la police a fait que l’utilisation des Flash-Balls et des LBD a dérapé....»

Il y a donc un lien étroit entre le communiqué du 6 décembre 2018, les déclarations telles que celle du 30 janvier et l’adoption en première lecture le 5 février 2019 par 387 voix contre 92 de la loi dite «anticasseurs», dont le député UDI De Courson a dit qu’elle nous ramenait au régime de Vichy. PS, PCF et aussi LFI et RN ont voté contre. Mais il faut le noter : le PS et le PCF ont voté contre tout en minimisant autant que se peut sa signification . Ainsi le député PCF, S. Peu :

«Avec la loi visant ”à renforcer et garantir le maintien de l’ordre public lors des manifestations”, nous sommes dans la pure communication politique, une gesticulation de circonstance, inutile et potentiellement dangereuse. C’est un moulinet législatif qui sert à se défausser de la gestion calamiteuse des situations de violence dans les manifestations.»

Peu, qui se prononce donc au passage pour une meilleure gestion des situations de violence, estime la loi «inutile». Il faut que ce soit l’avocat Henri Leclerc, dans Mediapart, qui dise à quel point cette loi n’est pas «inutile» : «Face aux futures réformes, celle des retraites notamment, qui vont forcément être très impopulaires, le gouvernement se donne des armes, mais ce n’est pas de cette façon que l’on arrête une contestation».

Une arme contre toute tentative de la classe ouvrière de se dresser contre les contre-réformes particulièrement violentes au menu du gouvernement : là est l’utilité de cette loi. Atteinte fondamentale à la liberté de manifester, elle est complétée par des attaques tous azimuts contre l’ensemble des libertés démocratiques : atteinte à la liberté de la presse avec la tentative de perquisition dans les locaux de Mediapart dont les articles constitueraient... une atteinte à la vie privée de Benalla, et atteinte à la simple liberté d’opinion et d’expression (voir plus bas).

Le 5 février, justement la direction de la CGT, flanquée de la FSU et parfois localement de FO, appelait à une journée d’action. La base de cet appel avait été donnée quelques jours plus tôt par la CCN de la CGT. Elle y évitait soigneusement l’exigence de retrait du projet de loi «anticasseurs» (comme du reste toute exigence de retrait des contre-réformes gouvernementales) au profit de la formule délibérément vague sur «le respect des libertés publiques, tel que le droit de manifester remis en cause par le gouvernement ». Et au moment où l’Assemblée nationale débattait de la dite loi, le jour même de son adoption en première lecture, la manifestation parisienne passait au large de l’Assemblée sans que ceux qui dirigeaient cette manifestation ne fassent la moindre allusion à ce qui s’y passait. «Oubli» parfaitement délibéré, puisque le lendemain la direction de la CGT, donc après adoption de la loi en première lecture, se fendait d’un communiqué... demandant le retrait de cette loi «liberticide»

Qu’il y ait eu de la part des appareils dirigeants la volonté consciente de laisser les mains libres au gouvernement, c’est ce dont atteste clairement ce qui s’était passé quelques jours plus tôt au Conseil national de la FSU, où la direction de la FSU s’était opposée jusqu’au bout à la motion présentée par les militants du courant Front unique demandant l’organisation d’une manifestation dans l’unité à l’Assemblée nationale contre l’adoption de la loi (il y aura quelques centaines de manifestants aux abords de l’Assemblée, notamment à l’appel de la LDH).

Dans son acharnement à protéger le gouvernement, le 25 janvier, le dirigeant du SNCS (syndicat de chercheurs de la FSU) ira jusqu’à déclarer non votée une motion pourtant majoritaire portant la même exigence (voir plus loin la rubrique Les militants interviennent) !

 


À nouveau sur les «gilets jaunes»


Il y a bien d’autres raisons de s’attarder sur ce qu’a été la journée d’action du 5 février. Elle s’est faite sur le terrain de la «convergence avec les gilets jaunes». Sur l’appréciation des «gilets jaunes», il n’y a rien à rectifier dans ce que nous avons écrit dans le supplément à CPS n°71 que l’on peut consulter sur notre site. Mais l’idolâtrie du “gilet jaune” étant à peu près universellement partagée du sommet des appareils syndicaux jusqu’aux différents groupes dits «d’extrême gauche», il faut réinsister sur le caractère profondément anti-ouvrier de ce mouvement.

Évidemment, la base sociale des “gilets jaunes” se situe dans des couches écrasées par le capital (petite bourgeoisie, sous-prolétariat), et même dans des franges ouvrières. Mais la base sociale ne dit rien du contenu politique. L’histoire montre assez que des groupes politiques réactionnaires, voire fascistes, peuvent bien dans certaines circonstances historiques avoir une base «populaire». Le discours «contre les riches», la présence de slogans «pour la justice fiscale», et même la demande d’une augmentation du SMIC ne prouvent rien quand ces mots d’ordre côtoient la demande de baisse des «charges» des entreprises, ou encore la demande de «maîtrise des flux migratoires» – qui désigne l’immigré comme le responsable de la misère du français «de souche». L’évocation de l’insuffisance du montant des retraites ne prouve rien si pas un mot n’est dit contre la réforme de la «retraite par points» du gouvernement : mieux, elle servira d’alibi utile pour s’en prendre aux prétendus «privilèges» des régimes particuliers. La revendication politique de «referendum d’initiative citoyenne» est elle-même parfaitement réactionnaire, le «peuple» étant invité - de manière atomisée, dans l’isoloir - à se déterminer sur une question choisie à l’avance dans des buts politiques bien précis et en des termes où le prolétariat n’est jamais en situation de faire valoir ses propres intérêts de classe.

Les dirigeants du MEDEF s’en sont eux-mêmes émerveillés : les manifestations de “gilets jaunes” sont passées à plusieurs reprises devant ses locaux sans s’en prendre une seule seconde à lui. Cela fait un formidable contraste avec la façon dont les mêmes manifestations ont ciblé les sièges du pouvoir d’État (l’Assemblée, l’Élysée). Il n’y a rien d’accidentel à cela. Non seulement le patron n’est pas l’ennemi du “gilet jaune”, mais il constitue un allié recherché, quand il n’est pas dans la manifestation même.

À cet égard, la présence de prolétaires dans les rangs des «gilets jaunes», cherchant dans ce genre de regroupement une issue aux problèmes qui les assaillent, est le résultat direct de la politique des appareils syndicaux, et depuis des décennies du PS, du PCF. Ceux qui représentaient «officiellement» le mouvement ouvrier ont prouvé non seulement leur inaptitude à améliorer en quoi que ce soit leur sort, mais ils ont été les agents actifs de leur déchéance. Avec toute la distance historique qui nous en sépare, on trouvera dans Trotsky un éclairage utile des ressorts d’un tel mouvement. Voici ce qu’il écrit en octobre 1934 :

«Les routiniers du Parlement, qui croient bien connaître le peuple, aiment à répéter : «il ne faut pas effrayer les classes moyennes avec la révolution, car elles n’aiment pas les extrêmes». Sous cette forme générale, cette affirmation est absolument fausse. Naturellement, le petit propriétaire tient à l’ordre tant que ses affaires vont bien et aussi longtemps qu’il espère qu’elles iront encore mieux le lendemain. Mais quand cet espoir est perdu, il se met facilement en rage, prêt à se livrer aux moyens les plus extrêmes... Il est faux, trois fois faux, d’affirmer que la petite bourgeoisie actuelle ne se tourne pas vers les partis ouvriers parce qu’elle craint les «mesures extrêmes». Bien au contraire. La couche inférieure de la petite bourgeoisie, ses grandes masses ne croient pas à la force des partis ouvriers, ne les croient pas capables de lutter, ni prêts cette fois à mener la bataille jusqu’au bout. »

Dans le même article, Trotsky précise à quelles conditions le prolétariat peut gagner à la révolution la petite bourgeoisie. Or ce à quoi nous avons assisté le 5 février, c’est le mouvement strictement inverse : celui par lequel les dirigeants des organisations ouvrières, et d’abord Martinez et la direction de la CGT, ont au nom de la «convergence avec les gilets jaunes» détourné les travailleurs du combat de classe, sur une orientation de soumission au gouvernement Macron.

 


La convergence avec les «gilets jaunes» pour évacuer les revendications ouvrières
et le combat contre les contre-réformes gouvernementales


Le CCN (Comité confédéral national) de la CGT du 31 janvier a appelé à la journée du 5 février sur l’objectif de la «convergence avec les gilets jaunes» et sur les bases suivantes :

«Ensemble, nous voulons créer les conditions de la gagne pour :

- une augmentation du Smic de 20 % (1800 euros brut), du point d’indice, de tous les salaires et pensions ainsi que des minima sociaux ;

- l’égalité salariale entre les femmes et les hommes ;

- une réforme de la fiscalité par un impôt sur le revenu plus progressif et une TVA allégée sur les produits de première nécessité, le rétablissement de l’ISF et une imposition plus forte des plus hauts revenus et de la détention de capital ;

- le contrôle et la conditionnalité des aides publiques aux grandes entreprises ;

- le développement des services publics ;

- le respect des libertés publiques, tel que le droit de manifester remis en cause par le gouvernement ;

- le renforcement des droits et garanties collectives, des droits au chômage, de la Sécurité sociale, notamment de la retraite ;

- une transition écologique juste et solidaire.»

La première remarque est que, comme à l’accoutumée, le gouvernement Macron-Philippe n’est pas nommé. Il n’existe pas. La seconde, c’est que les formulations ont toutes pour fonction d’éviter soigneusement de nommer précisément les contre-réformes du gouvernement, à fortiori d’évoquer la nécessité de combattre pour en obtenir le retrait.

Le «développement des services publics» est évoqué ici pour camoufler le fait que l’on est à quelques semaines de la présentation d’un projet de loi de destruction du statut de la Fonction publique... qui d’ailleurs se fait au nom du «développement du service public» via la création des «maisons de service au public», signifiant pour les agents polyvalence, mobilité forcée d’un ministère à un autre, etc.

Le «respect des libertés publiques, tel que le droit de manifester» sert ici à ne pas évoquer la «loi anticasseurs» (voir plus haut).

«Le renforcement des droits et garanties collectives, des droits au chômage, de la Sécurité sociale, notamment de la retraite » sert à ne pas nommer le projet de «réforme par points», la liquidation du régime général et des régimes particuliers. Elle sert à camoufler le fait que pendant des mois les dirigeants syndicaux ont «négocié» sur l’assurance-chômage dans le cadre de l’économie de 3,9 milliards dictée par le gouvernement. La concertation ayant fait son œuvre, Macron vient de décider qu’elle pouvait être stoppée.

Tel est le terrain sur lequel Martinez a initié la convergence avec «les gilets jaunes».

 


Le Monde du 13 février : «Les réformes avancent sans controverse majeure»:
contre-réforme des retraites...


Il n’est donc pas étonnant qu’en toute lucidité, le chroniqueur du Monde, Gérard Courtois, puisse porter sur la situation l’appréciation suivante : 

«Car, pendant que les uns manifestent tous les samedis comme on va à la messe et pendant que l’autre scande habilement le grand débat qu’il a engagé, les réformes avancent sans controverse majeure.» Et plus loin : «Bref ! Pendant que les tenants de la démocratie directe revendiquent à cor et à cri d’avoir droit au chapitre, les acteurs de la démocratie représentative travaillent comme si de rien n’était. Chacun est dans son rôle.»

Et parmi ces «acteurs de la démocratie représentative», il évoque par exemple la concertation sur les retraites : «Jean-Paul Delevoye a repris depuis huit jours ses concertations patientes avec les partenaires sociaux pour tenter de dégager un consensus sur les aspects les plus épineux (âge de départ, pénibilité, etc.) de cette réforme explosive.» On ne saurait mieux indiquer le rôle de la concertation : empêcher l’»explosion», c’est-à-dire l’affrontement de la classe ouvrière avec le gouvernement.

Martinez (et les autres dirigeants syndicaux) entendent bien jouer pleinement leur rôle sur cet objectif. Il est interrogé sur la contre-réforme des retraites par Politis : «Peu importe qu’elle soit comptabilisée en semestres ou en points ?» Et il répond : «Ce qui compte, c’est que le mode de calcul soit solidaire. Il faut fixer un minimum, quel que soit le parcours de vie ou professionnel. Et que les pensions soient indexées sur les hausses de salaire des actifs.»

Autrement dit, la mise en place de la retraite par points, qui inclut la liquidation des régimes spéciaux et du code des pensions, la liquidation du calcul du montant à partir des meilleures années du point de vue du salaire, etc. : « peu importe », nous dit Martinez !

 


... de la Fonction publique


La même méthode, le même rôle des dirigeants syndicaux prévalent sur l’ensemble des contre-réformes. On lira dans ce numéro ce que représente l’adoption de la loi Blanquer en première lecture, où les dirigeants syndicaux se plaignent surtout... que les organismes de concertation n’aient pas été dûment consultés. 

La loi Blanquer n’est d’ailleurs qu’une pièce du dispositif de destruction du statut de la Fonction publique, sa déclinaison au corps enseignant. Sur le contenu du projet de loi Fonction publique (qui n’a pas bougé d’un iota depuis sa première présentation voilà plus d’un an), nous renvoyons nos lecteurs aux différents éditoriaux des précédents CPS qui en ont détaillé le contenu. Mais les appareils syndicaux auront accompagné jusqu’au bout le gouvernement à travers des centaines d’heures de concertation étalées depuis presque 18 mois. Les dernières concertations des appareils syndicaux s’inscrivent dans cette continuité. Ils ont demandé que le projet de loi soit reporté... à la fin du grand débat et suspendu jusque-là. Ce qui revient à demander l’aggravation de toutes les mesures déjà contenues contre les fonctionnaires dans l’actuel projet. Car les dirigeants syndicaux ne peuvent ignorer que dans toutes les réunions du «grand débat» suinte la haine des fonctionnaires et de leurs prétendus «privilèges».

C’est au nom de cette «suspension» que les dirigeants syndicaux CGT, FO, FSU ont quitté le Conseil commun de la Fonction publique le 13 février. Il ne s’agissait pas de rompre avec le gouvernement, mais d’une mascarade, puisque dans le même temps ils annonçaient leur participation aux groupes de travail qui suivaient, la direction de la FSU invitant même les membres de son conseil national à faire des remarques sur chacun des articles de la future loi. On ne saurait mieux indiquer qu’elle se situait donc parfaitement dans le cadre de la dite loi.

Sans doute était-elle allée un peu loin. L’appel CGT-FO-FSU-Solidaires à la journée d’action du 19 mars (voir plus bas) se prononce pour «le retrait du projet de loi au profit de mesures renforçant et rénovant le Statut général et permettant un meilleur fonctionnement des services publics.»

Mais outre le fait que ce mot d’ordre intervient à la fin d’une liste de «revendications» totalement intemporelles et faisant abstraction de l’offensive du gouvernement, il s’agit d’un tour de passe-passe. Car en flanquant la demande de retrait de celle de «rénovation du statut», les dirigeants syndicaux réintroduisent en réalité la légitimité de la réforme gouvernementale, le gouvernement étant invité à en faire une «meilleure».

L’adresse de la direction de la CGT «aux syndiqués de la Fonction publique» va dans le même sens. Après avoir dû indiquer que «ce projet de loi constitue une attaque sans précédent...» elle énumère une kyrielle de journées d’action (8 mars, 19 mars, 27 mars) «pour développer le service public, améliorer nos carrières, nos conditions de travail et notre pouvoir d’achat». Bref, tout sauf le retrait du projet de loi !

 


La loi Buzyn contre le droit à la santé


Il n’est pas possible dans le cadre de cet éditorial de présenter un tableau complet de l’offensive gouvernementale. Si la contre-réforme des retraites et celle de la Fonction publique y occupent une place cardinale, d’autres graves contre-réformes sont en marche avec le même appui de la concertation. On lira dans ce numéro de CPS, le supplément « jeunes » qui fait état du décret sur l’augmentation des frais d’inscriptions pour les étudiants étrangers, premier pas vers la généralisation des études payées par les familles pour tous les étudiants.

Il faut aussi analyser la contre-réforme de la santé présentée par la ministre Buzyn au Conseil des ministres du 13 février et qu’elle veut faire passer par ordonnances, qui consiste à transformer tous les hôpitaux dits «de proximité» en hospices, par la fermeture des plateaux techniques et des maternités. Plus grave encore, le financement «forfaitaire» des allocations longue durée aura des conséquences dramatiques pour les patients atteints de maladie grave, puisque les soins seront désormais contingentés dans le cadre dudit «forfait». Des protestations massives ont déjà eu lieu contre la mise en œuvre anticipée de ce projet, comme en témoigne par exemple la mobilisation de la population de Le Blanc (Indre) contre la fermeture de sa maternité, après d’autres mobilisations similaires, par exemple à Saint-Claude (Jura). Mais les appareils syndicaux s’entendent à confiner la bataille dans une série de combats locaux. Tout en faisant des phrases de «critique» du projet de loi, les communiqués syndicaux nationaux se gardent bien quant à eux de formuler l’exigence de retrait de celui-ci.

 


La «négociation» sur l’assurance-chômage a en réalité joué le rôle qu’en attendait le gouvernement


Il est également nécessaire de tirer un bilan de la «négociation» sur l’assurance-chômage qui vient de se terminer par ce que l’on présente comme un «échec».

Échec pour qui ? Sûrement pas en réalité pour le gouvernement. Rappelons-le : c’est le gouvernement lui-même qui, amendant son propre projet de loi, avait renvoyé aux «partenaires sociaux» la responsabilité de faire entre 3 et 3,9 milliards d’économies sur le dos des chômeurs. L’ouverture de la négociation dans ce cadre, avait alors déclaré le représentant CGT, c’est «la liberté dans une cellule de prison». Ce qui n’avait pas empêché alors les dirigeants CGT – et les autres à la suite – de rentrer de leur plein gré dans la dite cellule. Et voilà que de semaine en semaine, la «négociation» s’est mise à porter sur le «bonus-malus» – surtaxation des contrats courts et sous taxation des autres – avec cette précision que la «charge globale» pour les patrons non seulement ne devait pas augmenter mais même diminuer des fameux 3 à 3,9 milliards. Et c’est ainsi que les dirigeants syndicaux se sont transformés en... supporters de la mesure gouvernementale de ce «bonus-malus», ce que Martinez dans son interview à Politis (cité plus haut) reconnaît sans fard :

«Le gouvernement a également cadré les négociations avec comme unique objectif de dégager entre 3 et 3,9 milliards d’euros d’économies. C’est inacceptable, mais nous avons quand même décidé d’y aller, parce que nous avons des propositions. À commencer par une promesse d’Emmanuel Macron, à savoir le bonus-malus.»

L’instauration du «bonus-malus», même si ce n’est en rien une mesure qui pénalise la classe capitaliste dans son ensemble - puisque Macron a répété à l’envi qu’il n’était pas question qu’il aboutisse à une augmentation globale des «charges» des entreprises -, a cependant été rejetée par le MEDEF. D’une part, parce que certains secteurs (bâtiment, restauration, tourisme…) en auraient un peu pâti. Mais surtout, parce que le MEDEF avait un appétit plus aiguisé encore : par exemple, mettre en place des contrats de travail avec un «bassin d’emploi», le travailleur étant transformé en esclave nomade à la disposition de tous les patrons du bassin.

Au bout du compte, cette «négociation» entre patronat et directions syndicales s’est terminée sans accord, mais elle n’aura pas été inutile pour le gouvernement qui entend bien s’appuyer sur le soutien des appareils syndicaux jusqu’au bout. Il va procéder par décret, mais il entend bien élaborer ledit décret en collaboration avec les directions syndicales.

A peine les directions syndicales ont-elles interrompu les négociations avec le patronat qu’elles reprennent la concertation avec le gouvernement pour la rédaction dudit décret... entre autres appuyée sur le fait que les directions syndicales ont pendant des mois accepté la «lettre de cadrage» des 3 à 3,9 milliards d’économies sur le dos des chômeurs. Entre temps, Macron s’est même permis de tancer les appareils syndicaux pour leur incapacité à arriver à un accord. Il aurait eu tort de s’en priver : c’est le salaire de leur servilité !

 


«Union sacrée» pour s’en prendre à la liberté d’opinion et d’expression
sous le prétexte frauduleux de «lutte contre l’antisémitisme»


Mais en matière de servilité, les dirigeants du PS, du PCF et des organisations syndicales ont atteint de plus hauts sommets encore à travers les rassemblements d’union sacrée du 19 février. Il faut le rappeler : c’est sur l’initiative de Faure, secrétaire général du PS que s’est réalisée une vaste union rassemblant avec une brochette de ministres, dont Philippe, LR, LREM, PS, PCF, Générations et LFI. Pour faire bonne mesure, Faure a annoncé que Marine Le Pen y aurait eu toute sa place. 

Le prétexte en est la «lutte contre l’antisémitisme». Il s’agit en réalité d’une opération politique montée de toute pièce. Le 13 février, Le Monde titre sur la déclaration de Castaner, le massacreur de manifestants : les actes antisémites auraient progressé en 2018 de 74 %. Il est inutile de dire ici ce que l’antisémitisme a de répugnant. Mais comme l’a montré un article de Mediapart, il n’y a nullement depuis 10 ans une tendance générale à l’augmentation de ces actes (à titre d’exemple, ils étaient beaucoup plus nombreux en 2008, 2009). Il s’agit donc de la part de Castaner d’une manipulation visant à faire croire à une telle tendance. Là-dessus survient opportunément «l’affaire Finkielkraut» le samedi 16 février. Ce dernier – un spécialiste de ce genre d’opération qu’il avait déjà réalisée à l’identique dans un rassemblement «Nuit debout» il y a deux ans – s’exhibe aux abords d’une manifestation des «gilets jaunes». Compte- tenu des propos provocateurs, racistes, dont celui-ci est coutumier, le résultat est garanti. D’autant plus garanti que les manifestations des « gilets jaunes » brassent une assistance hétéroclite au sein de laquelle s’ébattent librement des éléments archi-réactionnaires, voire fascisants. Finkielkraut se fait donc insulter... à sa satisfaction visible ! Aussitôt se fait entendre un bruyant tam-tam médiatique sur linsupportable «retour de l’antisémitisme». Et dans ce concert, les moins braillards ne sont pas ceux qui appellent à rejeter les migrants dans la Méditerranée ou à les remettre à leurs tortionnaires libyens : non seulement les Ciotti, Wauquiez, mais aussi, et à commencer par lui, le gouvernement Macron et ses ministres.

Le gouvernement ne pouvait lui-même prendre l’initiative de l’»union sacrée». C’eût été moins efficace. Il lui fallait un «gregario» (gregario signifie « domestique » en italien et désigne en cyclisme le «porteur de bidons»). C’est Faure, dirigeant du PS, qui en fera office en appelant aux rassemblements d’union sacrée.

Notons-le. Ces rassemblements auront en réalité un succès très limité : les organisateurs ont annoncé eux-mêmes le maigre chiffre de 20 000 manifestants à Paris. Mais pour quoi faire ? D’abord, pour conforter le gouvernement certes, mais plus précisément pour donner l’impulsion à une nouvelle offensive gouvernementale contre les libertés démocratiques. On apprend que depuis plusieurs semaines, toujours au nom de l’antisémitisme, un groupe de députés «de tous bords» sous la houlette du LREM Maillard, travaillait sur un projet de loi faisant de l’»antisionisme» un délit, considéré comme «le déguisement de l’antisémitisme». Or l’antisionisme n’est rien d’autre que le combat militant contre l’État colonial israélien, État d’apartheid. Et c’est donc dès le lendemain du 19 février que Macron a annoncé au dîner du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France, véritable ambassade bis de l’État d’Israël) à la fois la perspective d’une loi «contre la haine sur internet», l’adoption de la définition de l’antisionisme comme une forme d’antisémitisme, et explicitement la répression contre tous les militants de la cause palestinienne. Mais cela ne s’arrêtera pas là : la prétention à légiférer contre la «haine sur Internet» permettra tout. On pourra par exemple poursuivre toute expression politique manifestant une légitime haine de classe contre la bourgeoisie et son gouvernement, le gouvernement Macron. Ce n’est pas de la politique fiction : des lycéens d’Ivry ont été mis en garde à vue 36 heures, avec plainte devant la justice pour avoir tagué aux abords de leur lycée : «Macron démission» !

A vrai dire, tant la loi anticasseurs que le projet de loi contre la liberté d’opinion et d’expression manifeste une tendance profonde du régime capitaliste en décomposition : les libertés démocratiques (de manifestation, d’organisation, d’opinion, d’expression) lui sont désormais intolérables. La «loi anticasseurs» vient s’ajouter à l’empilement des lois qui, de Sarkozy à Hollande, de Hollande à Macron, sous couvert de lutte contre le «terrorisme», ont constitué autant de briques de l’édification d’un véritable État policier. La bourgeoisie doit, grâce aux gouvernements à sa solde, (en France, le gouvernement Macron) liquider les libertés démocratiques pour interdire au prolétariat de les utiliser pour s’organiser dans son combat de classe. Le gouvernement le fait avec la collaboration active des dirigeants traîtres des partis et organisations d’origine ouvrière. C’est ce qu’a manifesté l’appel aux rassemblements d’union sacrée du 19 février du PS, du PCF, mais aussi des dirigeants de la CGT, de FO, de la FSU, de l’UNEF.

A l’inverse, la défense des libertés démocratiques, le combat jusqu’au bout pour le retrait de la loi dite «anticasseurs» et contre toute loi restreignant la liberté d’opinion et d’expression doit être mis au premier plan de l’action des militants révolutionnaires. Cette défense n’est possible qu’en imposant la réalisation du front unique des organisations ouvrières sur cet objectif, le combat contre toutes les formes d’union nationale.

 


Destruction des conquêtes ouvrières en France, soutien aux dictatures et guerre en défense de l’impérialisme français : les deux facettes d’une même politique du gouvernement Macron


On ne peut nullement distinguer la politique du gouvernement Macron « à l’intérieur » et à l’ « extérieur » : elle est partout guidée par les mêmes intérêts, ceux de l’impérialisme français, durement mis à mal par ailleurs par les impérialismes rivaux. Mais du fait de sa propre situation de faiblesse, il arrive que le gouvernement Macron ne puisse faire autre chose que mettre ses pas dans ceux de Trump et de l’impérialisme US, espérant peut être que tombent quelques miettes de la table du festin promis à ce dernier. C’est le sens du soutien, parmi les premiers, exprimé à Trump et à son homme de paille au Venezuela Guaido, alors que les instances de l’UE elles-mêmes recherchaient les voies d’un départ «négocié» de Maduro. On lira dans ce numéro de CPS ce qui est écrit à ce sujet, à savoir : inconditionnellement contre l’intervention impérialiste au Venezuela, indépendamment de l’appréciation que l’on peut avoir sur Maduro et le chavisme.

Macron a justifié son soutien à Guaido au nom de la «démocratie». Tartufferie répugnante. Le même jour, Macron partait pour l’Égypte pour conforter les liens avec le dictateur Sissi que l’impérialisme français fournit abondamment en armes qui servent à réprimer dans le sang toute opposition au dictateur. Lequel dictateur prépare une modification constitutionnelle lui permettant de se représenter indéfiniment. 

Et c’est quelques jours plus tard que les Mirages bombardaient au Tchad une colonne d’opposants au dictateur Idriss Deby. Macron, notre chantre de la «démocratie», n’a pas marchandé son soutien à celui qui non seulement doit son accès au pouvoir à un coup d’État mais dont tout le monde sait que l’emprisonnement et la torture des opposants constituent les méthodes courantes d’exercice de son pouvoir. Le président LR de la commission des affaires étrangères du Sénat – LR soutient évidemment à fond l’intervention – répond à la question posée par Public Sénat : «La France défend donc – et cherche à maintenir en place – un pouvoir non démocratique. Comme à chaque fois, la question se pose : la stabilité de la région et la défense des intérêts français justifient-ils une intervention française, qui plus est militaire ?». Il explique sans fard : « Je n’analyse pas la situation sous cet angle », « on ne peut pas mesurer l’appui qu’on apporte à ces pays sous cet angle systématique qui consiste à regarder s’ils sont arrivés dans des conditions démocratiques ou pas. » 

Ici l’alibi démocratique qui prétend justifier le soutien à Guaido n’a pas cours. Cambon explique clairement pourquoi : « Je n’oublie pas qu’à N’Djamena nous avons une des bases françaises les plus importantes dans la région qui permet d’agir au Sahel et au Mali ». Voilà qui est dit.

Notons-le : tout cela se fait dans un silence assourdissant des dirigeants des organisations ouvrières. Lorsqu’il s’agit de la défense de l’impérialisme français, le silence doit régner dans les rangs.

 


Sous le fouet de la nécessité


Des Mirages bombardant au Tchad aux tirs de LBD contre les manifestants en France, de la diminution massive des indemnités chômage à la loi anticasseurs, il n’y a, dans la politique du gouvernement Macron, pas le moindre caprice personnel de Macron, le moindre «libre arbitre». Il n’y a, pour citer le romancier E. Zola, que «le fouet de la nécessité». De quelle nécessité ? La nécessité de défendre bec et ongles l’impérialisme français aux abois.

Sous le titre «En Afrique francophone, Berlin détrône Paris», le Monde du 8 février nous apprend : «Alors que les exportations (françaises) représentaient près de 11 % des flux vers l’Afrique au début du millénaire, leur poids a été divisé par deux en 2017.»

Partout, l’impérialisme français se fait tailler des croupières. Au Congo (RDC), dont les richesses minières sont un enjeu de première importance, le gouvernement français a soutenu jusqu’au bout Fayulu, déclarant truqué le résultat annonçant la victoire de Tshisekedi. Le gouvernement français fut un temps soutenu par l’Union africaine prenant brièvement fait et cause pour Fayulu, avant de se rallier à Tshisekedi. En RCA, la France soutient par les armes un gouvernement... auquel échappe le contrôle de 80 % du territoire et où la Russie est en train de lui damer le pion. En Côte d’Ivoire, la position de Ouattara, que la France a en réalité installé au pouvoir par son intervention militaire, est de plus en plus fragile, sa coalition se défaisant à quelques mois de nouvelles «élections». Au Maghreb, la situation de l’impérialisme français ne cesse de se dégrader par rapport à ses concurrents américains et chinois notamment.

Mais il ne s’agit pas seulement de l’Afrique. La position de la France sur le marché mondial ne cesse de s’affaisser. Comme un symbole, la direction d’Airbus - il faut d’ailleurs préciser qu’Airbus est un consortium européen où la place de l’Allemagne est décisive - vient d’annoncer la fin de la production de l’A380. Certes l’existence d’Airbus n’est pas menacée. Mais sa situation s’est brutalement affaiblie par rapport à Boeing. Ce qui reste d’Alstom n’avait trouvé d’autre issue – après la cession d’une large partie de son activité à General Electric – que de fusionner avec Siemens, «une fusion à l’accent allemand» comme l’avait noté Le Monde. Cette porte de sortie elle-même s’est refermée, suite à la décision de l’Union européenne. 

Tout dernièrement, un nouveau camouflet a été infligé à la bourgeoisie française avec ce qui s’est passé à Air France – KLM. Air France – KLM avait scellé l’alliance dans un même consortium de l’ancienne compagnie nationale Air France et de son homologue néerlandaise KLM. La privatisation d’Air France s’était accompagnée d’une prise de participation minoritaire de l’État français, néanmoins suffisante pour lui assurer une position dominante dans la gouvernance. C’est précisément ce dont KLM - et derrière elle le gouvernement néerlandais - ne voulait plus, arguant du fait que 80 % des bénéfices du consortium provenaient de KLM. D’où le coup de force dudit gouvernement, décidant d’une prise de participation équivalente pour en finir avec la domination française. Ce qui est remarquable, c’est que les journaux de la bourgeoisie française (Les Echos, Le Figaro) tout en pestant contre les mauvaises manières hollandaises, ne manquent pas d’en tirer les leçons à leur façon : si la «profitabilité» d’Air France est insuffisante, c’est à cause des grèves d’Air France, c’est à cause de l’impuissance du gouvernement à mater les travailleurs de la compagnie !

Toujours est-il que cela se termine par une rencontre entre Le Maire et son collègue néerlandais, assortie d’une poignée de main en forme d’humiliation pour le ministre français. Le Maire doit encaisser celle-ci comme il a dû en encaisser une autre il y a quelques semaines, avec le même scenario et le même résultat s’agissant de l’alliance Renault-Nissan. Mais telle est la dure loi du rapport de forces.

Le juge de paix, à cet égard, c’est le commerce extérieur. Le même numéro du Monde titre : «Le commerce extérieur français s’est encore dégradé en 2018» et précise : «Et de quinze ! Quinze années consécutives de déficit pour la France... C’est simple, dans l’Europe des 28, seul le Royaume-Uni fait pire que l’Hexagone... le made in France, qui n’a cessé de reculer depuis le début des années 2000, représente environ 3 % des exportations mondiales... contre 8,4 % pour l’Allemagne.»

Et puis il y a la dette, qui ne cesse de gonfler, à hauteur de 100 % du PIB. Pour l’instant, la charge de la dette est limitée par la faiblesse des taux d’intérêt (qui est d’ailleurs le résultat des inquiétudes sur la crise à venir, les «investisseurs» se réfugiant vers des actifs sûrs). Elle s’élève néanmoins à 41 milliards d’euros, soit le sixième du budget de l’Éducation nationale ! Mais il n’existe aucune garantie que ces taux ne remonteront pas, ce qui constituerait un cataclysme pour le budget de l’État.

C’est pourquoi les représentants du capital, à l’instar du Figaro, ne cessent de harceler le gouvernement Macron. Il va falloir aller chercher dans la poche des travailleurs les fameux 10 milliards octroyés aux «gilets jaunes» (rappelons que pas un sou destiné à l’augmentation de 100 euros de la «prime d’activité» pour certains salariés parmi les plus pauvres ne sortira de la poche des patrons). Migaud, le président de la Cour des Comptes qui pour sa part émarge à 15000 euros par mois selon l’Observateur, magazine qui lui est pourtant acquis, peste contre les «avantages familiaux», la politique salariale trop «généreuse» d’EDF, et réclame qu’on en finisse. Et le gouvernement annonce, dément puis annonce à nouveau : «contreparties» aux allocations sociales (autrement dit, travail gratuit pour les chômeurs), généralisation de l’impôt sur le revenu (que devraient donc payer aussi les familles modestes qui en sont aujourd’hui exemptées), etc.

 

Plus la situation du capitalisme mondial – et en son sein celle du capitalisme français qui en amplifie les tendances – se dégrade de manière inéluctable, plus le gouvernement Macron y répond en frappant toujours plus brutalement la classe ouvrière et la jeunesse.

 


La récession qui vient : la situation en Chine...


En effet, la situation du capitalisme français s’inscrit dans une situation où l’on se rapproche chaque jour d’une récession mondiale. L’épicentre selon toute probabilité se situera cette fois en Chine. Les chiffres de croissance annoncés sont les plus faibles depuis 30 ans, officiellement à 6,6 % en 2018. Mais c’est une fiction. C’est de Pékin – donc sans être vraiment contredit – que l’économiste Xiang Songzuo a annoncé, quant à lui, une croissance réelle de 1,67 % ! (Le Monde, 23 janvier)

D’autres chiffres corroborent cette tendance. Les défaillances d’entreprise ont augmenté de 60 % en 2018. En décembre 2018, les exportations chinoises ont baissé de 4,4 % et les importations de 7,6 %. En janvier, le marché automobile chinois s’est contracté de la bagatelle de 17 % pour le 7e mois consécutif. Cela semble indiquer que le mouvement s’accélère. Et puis il y a la dette qui ne cesse d’enfler. L’endettement des seules entreprises publiques chinoises s’élève à 1 500 milliards d’euros, soit l’équivalent des deux tiers du budget annuel de la France. Endettement d’autant plus hors contrôle qu’une large part du crédit passe par le «shadow banking», où les emprunts ne sont pas régulés, les garanties exigées faibles ou inexistantes, et donc les risques d’effondrement suite à des impayés énormes. Dès 2017 – et il y a eu depuis une progression accélérée –, le «shadow banking» représentait en Chine, selon les estimations, plus de 7000 milliards d’euros. Pourtant, pour maintenir un taux de croissance permettant de repousser l’explosion sociale qui menace, le gouvernement chinois n’a d’autre issue que de prendre des mesures qui sont autant de fuites en avant : nouveau plan de relance accompagné d’une nouvelle libération du crédit.

Remarquons-le : en 2009, la Chine avait évité que la récession ne se transforme en effondrement mondial. C’est aujourd’hui de la Chine que surgit la nouvelle menace d’effondrement. C’est là la démonstration irréfutable que c’est bien le mode de production capitaliste lui-même, à l’échelle mondiale, qui est un système failli, la preuve que l’histoire pose avec urgence le problème d’en finir avec lui, de la mise en place d’un système social où la production est maîtrisée et organisée en fonction des besoins des masses, ce qui n’est possible que par l’appropriation collective des moyens de production, le socialisme.

 


...en Allemagne


La diminution des importations chinoises a évidemment des effets de première importance sur l’économie mondiale. La Chine est le deuxième pays importateur mondial, derrière les États-Unis (1 842 milliards en 2017, contre 2 409 milliards pour les États-Unis) mais bien avant l’Allemagne et les autres pays. Les conséquences sont donc immédiates pour les économies tournées vers l’exportation (notamment les pays producteurs de matières premières). C’est là une part de l’explication de la brutale contraction de la production industrielle allemande.

L’Allemagne faisait figure d’exception dans une situation de stagnation économique en Europe depuis 10 ans de manière quasi ininterrompue. Cette situation occasionnait les discours enthousiastes des théoriciens bourgeois sur les bienfaits de la pleine coopération des dirigeants syndicaux de la DGB comme du SPD à la prospérité capitaliste. Or l’Allemagne est aujourd’hui au bord de la récession. Les économistes bourgeois considèrent qu’une économie est «techniquement» en récession lorsque le PIB est en régression deux trimestres consécutifs : le PIB allemand s’est contracté de 0,2 % au troisième trimestre 2018, pour une croissance nulle au quatrième trimestre.

La place de l’automobile dans l’économie allemande (20 % des exportations viennent du secteur) fait que l’effondrement de la demande chinoise, si elle se confirme, constitue une menace immédiate pour la prospérité allemande. Mais si l’Allemagne est désormais dans une situation périlleuse, elle est bien loin d’être la seule. L’Italie est entrée en récession. Quoi qu’en dise une propagande intéressée, cette récession doit fort peu aux affrontements entre l’UE et le gouvernement italien (en réalité, ce dernier s’est soumis à à peu près toutes les injonctions de l’UE), mais à la régression de sa production industrielle (qui, s’agissant par exemple de l’automobile, confine à l’effondrement). Or, à l’inverse de ce qu’il en est en France, la production industrielle conserve un rôle clé dans l’économie italienne.

À vrai dire, la stagnation gagne toute l’Europe, la France ne devant... qu’à sa nullité exportatrice et industrielle d’être moins violemment impactée que d’autres.

 


La fin du «miracle» américain


Les menaces s’accumulent aussi sur l’économie américaine. Dans Le Monde du 29 janvier, Artus donne un éclairage instructif : «Les entreprises américaines sont financées pour deux tiers en obligations et pour un tiers en crédits bancaires (...) La hausse du coût du financement en obligations (qui elle-même résulte de l’augmentation des taux de la Fed, la banque centrale américaine, ndlr) a conduit les entreprises américaines à réduire fortement leurs émissions obligataires... Ce quasi arrêt s’est traduit par une chute des investissements à partir du troisième trimestre 2018... Mais les effets négatifs sur l’économie américaine ne s’arrêtent pas à la baisse des investissements des entreprises et au recul des cours boursiers. C’est là qu’interviennent les puissants «effets de richesse», liés à la large détention de portefeuilles d’action aux États-Unis : une baisse de 10 % des indices boursiers conduit en moyenne à une hausse de 0,8 point du taux d’épargne des ménages et donc, toutes choses égales par ailleurs, à une baisse de 0,8 point de la consommation des ménages, en particulier du fait de la baisse du rendement des fonds de retraite, investis largement en actions.»

La dépendance de la consommation américaine à l’égard des gains boursiers (donc à l’augmentation d’un capital purement fictif) indique au passage les bases profondément putréfiées sur lesquels s’est édifiée la croissance antérieure. Mais si Artus lève une partie du voile sur la situation réelle du capitalisme US, en tant que représentant du capital (il est chef économiste de la banque Natixis), il ne peut aller à la racine des contradictions – en tout cas les dévoiler – qui minent l’économie américaine comme l’économie mondiale.

 


Baisse des investissements et crise de surproduction


Car la baisse des investissements aux États-Unis est bien loin d’avoir comme seule cause l’augmentation des taux d’intérêts, qui d’ailleurs restent très raisonnables à 2 ou 2,25 %, des taux «neutres» dit Powell, le président de la Fed, c’est-à-dire en accord avec l’inflation. 

La baisse des investissements procède plus fondamentalement de l’appréciation des capitalistes selon laquelle il n’y a pas de perspective d’extension du marché, perspective qui peut seule, du point de vue de la recherche du profit, justifier de nouveaux investissements. De ce point de vue, les chiffres impressionnants d’augmentation des dividendes mondiaux (+9,3 % en 2018), s’ils doivent légitimement susciter la colère et la haine à l’égard des capitalistes suceurs de sang chez les travailleurs confrontés à l’augmentation de l’exploitation de la force de travail, ne constituent en rien l’expression de la santé du système capitaliste. C’est tout le contraire. La redistribution sous forme de dividendes a évidemment à voir avec le renoncement à investir. Et le renoncement à investir est lié à la menace toujours plus pressante de surproduction.

Car c’est bien une crise de surproduction qui est devant nous, crise qui constitue le signe distinctif du système capitaliste : «Une épidémie qui, à toute autre époque, eût semblé une absurdité, s’abat sur la société, - l’épidémie de la surproduction. La société se trouve subitement ramenée à un état de barbarie momentanée ; on dirait qu’une famine, une guerre d’extermination lui ont coupé tous ses moyens de subsistance ; l’industrie et le commerce semblent anéantis. Et pourquoi ? Parce que la société a trop de civilisation, trop de moyens de subsistance, trop d’industrie, trop de commerce... Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises ? D’un côté, en détruisant par la violence une masse de forces productives ; de l’autre en conquérant de nouveaux marchés et en exploitant plus à fond les anciens...»

 


Crise économique et exacerbation des conflits inter‑impérialistes


Cette citation du Manifeste du Parti communiste conserve la plus grande actualité. Mais il faut indiquer en quoi la situation d’aujourd’hui se distingue de celle de 1848. Il n’y a plus de nouveaux marchés à conquérir. Chaque puissance impérialiste ne peut conquérir de nouveaux marchés qu’en les arrachant aux impérialismes rivaux. La lutte est d’autant plus âpre qu’un nouveau protagoniste prétend à prendre une place, et non des moindres, sur l’arène mondiale : la Chine, que ses propres contradictions économiques poussent à se constituer en une nouvelle puissance impérialiste.

Voilà ce qu’expriment le projet d’une «nouvelle route de la soie» et du plan «Made in China 2025». Mais les autres puissances impérialistes, en particulier les États-Unis, n’envisagent certes pas de lui dérouler le tapis rouge. Les mesures de taxations douanières, les spectaculaires décisions concernant Huaweï, allant jusqu’à l’arrestation de l’une de ses principales dirigeantes, témoignent de la volonté d’empêcher coûte que coûte la Chine de prendre une place dans le dépeçage des richesses mondiales entre puissances impérialistes. Les accusations formulées à l’égard de la Chine de vol de technologie, de subventionnement massif du secteur d’État pour lui donner un avantage compétitif, de pratique généralisée de «dumping» ne sont pas fausses. Mais la vérité est que dans l’histoire, les luttes inter‑impérialistes ont toujours relevé du gangstérisme et non obéi aux règles du fair‑play. Les pratiques de l’impérialisme américain, qui use de la position dominante du dollar pour interdire aux puissances rivales de commercer avec les pays qu’il a décidé de mettre à l’index, tel l’Iran, en témoignent.

Les intérêts généraux de l’impérialisme exigent sans doute que la lutte que se livrent les différentes puissances impérialistes reste contenue. C’est ce que ne cessent de dire les dirigeants du FMI, de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) qui s’inquiètent notamment du ralentissement de l’augmentation du volume du commerce mondial. Les mesures protectionnistes de «guerre commerciale» ont en effet des conséquences en terme de récession dans une situation où l’imbrication des économies n’a jamais été aussi profonde. Elles ne peuvent que précipiter la crise. Mais c’est précisément la perspective de la crise qui pousse en même temps chaque bourgeoisie à tenter de faire valoir ses intérêts propres. S’agissant des États-Unis, elle le fait à travers les mesures de taxations des importations au détriment de la pérennité du système dans son ensemble. Par ailleurs les mesures protectionnistes ne favorisent les intérêts de tel ou tel secteur de la bourgeoisie qu’au détriment d’autres secteurs de la même bourgeoisie. C’est là la base réelle du conflit violent qui oppose au sommet même de l’État fédéral américain, démocrates et républicains pourtant également attachés aux intérêts de la bourgeoisie américaine. C’est là l’origine réelle du «shutdown», conduisant finalement Trump à déclarer l’état d’urgence national. L’origine n’est sûrement pas à chercher dans un désaccord sur le sort des immigrés latino-américains contre lesquels l’accord pourrait aisément se faire.

 


Grande-Bretagne : ce que nous enseigne la soumission totale de Corbyn
et de la direction du Labour aux exigences de la City


En Europe, la Grande-Bretagne nous offre le même spectacle des déchirements de la classe dominante sur la question du Brexit. L’originalité de la situation britannique tient en ceci que c’est contre les intérêts de la fraction de la bourgeoisie la plus tournée vers le marché mondial qu’a été adopté par referendum le Brexit, en particulier contre les intérêts de la City. Ce qui ne signifie pas que le Brexit par lui-même contienne le début même d’une solution aux problèmes qui assaillent le prolétariat britannique. La solution à ses problèmes ne peut venir que de la mise en œuvre d’un véritable programme ouvrier, incluant la nationalisation sans indemnité ni rachat des moyens de production, le monopole d’État du commerce extérieur, la pleine reconnaissance du droit à l’indépendance de l’Irlande dans sa totalité - donc la fin de la partition, etc. Rien de tout cela n’est possible sans la constitution d’un véritable gouvernement ouvrier. Évidemment une telle issue implique la rupture avec l’UE et, au contraire, que soit ouverte la perspective des États unis socialistes d’Europe. Car la sortie de l’UE dans le cadre du maintien de la domination de la bourgeoisie britannique non seulement ne résout rien pour la classe ouvrière britannique mais ne leur promet que davantage de chômage, de pauvreté, et la liquidation de leurs maigres droits subsistants : c’est du reste bien cela que promettent aux travailleurs les «hard brexiters» du parti Tory.

C’est dans le mouvement de recherche d’une issue ouvrière à la crise et son cortège de misères que dans les dernières années les travailleurs et une fraction significative de la jeunesse ont investi le Labour Party et soutenu contre la fraction «blairiste» – entièrement à la dévotion du capital financier britannique – la candidature de Corbyn. C’est ce même mouvement qui en 2017 s’était traduit par une nette remontée électorale du Labour, mettant May et le parti tory au bord de la défaite. Notre bulletin est à plusieurs reprises revenu sur cette situation, à la fois pour apprécier le sens profond de ce réinvestissement du vieux Labour Party et marquer comment Corbyn n’avait eu de cesse de désarmer le mouvement qui l’avait porté à la tête du Labour.

Le fait que Corbyn se soit finalement prononcé pour un «deuxième referendum» doit être apprécié pour ce qu’il est : Corbyn ne s’est pas contenté de désarmer le mouvement qui l’a porté à la tête du Labour. Il vient de décider de le trahir. En se prononçant pour un nouveau referendum, ce dont le sommaient depuis des mois les partisans de Blair, il s’est aligné totalement sur eux et, à travers eux, sur les intérêts de la City et du capital financier britannique. 

Une leçon doit être tirée. Si on ne peut exclure qu’à nouveau dans l’avenir, les travailleurs cherchent à se saisir de leurs vieux partis – malgré leurs innombrables trahisons passées – les événements qui viennent de se produire en Grande-Bretagne indiquent une nouvelle fois l’impossibilité absolue de redresser ces partis et d’en faire à nouveau des instruments pour l’émancipation de la classe ouvrière. Cette émancipation passe dans chaque pays par le combat pour la construction de nouveaux partis, de partis ouvriers révolutionnaires.

 


Le prolétariat mondial surmontera son désarroi et renouera avec le programme révolutionnaire


Les conditions dans lesquelles se mène le combat pour la construction du parti ouvrier révolutionnaire sont des conditions concrètes. Depuis vingt ans, pèse de tout son poids sur la conscience des masses pour l’obscurcir, le rétablissement du capitalisme dans les pays où il avait été exproprié, en particulier en Russie où il l’avait été sur la base d’une révolution prolétarienne victorieuse. A partir de là, toutes les forces politiques attachées au maintien du vieux monde bourgeois - notamment celles qui dirigent les vieilles organisations du mouvement ouvrier - n’ont cessé de se livrer à un véritable matraquage idéologique qui nous dit : «Il n’y a pas d’alternative au système d’exploitation de l’homme par l’homme. Le système capitaliste est l’ultime forme d’organisation des sociétés humaines.» Ce matraquage n’est pas sans conséquences, y compris sur la capacité des prolétariats à résister victorieusement à l’avalanche de contre-réformes dont la bourgeoisie les accable.

Mais si puissantes que soient les mystifications idéologiques distillées par la bourgeoisie et ses laquais, leur force à l’échelle de l’histoire n’aura qu’un temps. Car à leur encontre, il y a l’expérience de plus en plus douloureuse des masses qui leur indique le caractère insupportable du maintien de ce système capitaliste qu’on leur décrit comme éternel.

C’est pourquoi il est inéluctable, non seulement que les masses combattent - il ne peut y avoir d’interruption de la lutte des classes -, et qu’elles posent à nouveau la question du pouvoir, c’est-à-dire la question du renversement des gouvernements bourgeois pour leurs substituer leur propre pouvoir à elles.

A cet égard, ce qui se déroule en Algérie, annonce d’autres développements, plus amples pour l’avenir. C’est sur le mot d’ordre directement politique d’en finir avec Bouteflika et le «système» que des centaines de milliers de manifestants, principalement jeunes, défilent dans tout le pays, bravant les interdictions et la répression. Nul ne peut dire à ce jour jusqu’où ira ce mouvement et s’il réalisera le véritable boycott - qui n’a rien à voir avec la simple abstention, mais consiste à faire en sorte par l’action directe que les «élections» n’aient pas lieu - de la mascarade électorale visant à faire élire un demi-cadavre à la présidence. C’est dans un tel mouvement, qui s’inscrit dans une longue suite d’âpres luttes de classe du prolétariat (parfois victorieuses comme chez les métallos d’El Hadjar) que peuvent se créer les conditions du développement d’une avant-garde cherchant à s’approprier le programme de la révolution prolétarienne.

Les conditions politiques sont certes différentes en France. Mais le combat pour assurer la pérennité et le développement du noyau qui combat pour le Parti ouvrier révolutionnaire ne peut se faire qu’en militant à l’échelle modeste qui est la nôtre pour que les masses imposent aux dirigeants des organisations issues du mouvement ouvrier, en particulier des syndicats, les mesures qui permettraient de stopper l’offensive du gouvernement Macron, de lui infliger une défaite. Serait alors posée la question d’en finir avec lui, de constituer un gouvernement des organisations ouvrières unies à qui les masses chercheront à imposer la satisfaction des revendications.

Dans ce numéro de CPS, nos lecteurs trouveront à travers les différents suppléments (CPS Finances Publiques, CPS Jeunes) et nos déclarations (loi anticasseurs, Venezuela), à travers les communications d’interventions militantes, des illustrations de ce combat. Nous les invitons à s’y associer.


 

Le 27 février 2019

 

 

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Article paru dans le bulletin « Combattre pour le socialisme » n° 72 (n° 154 ancienne série) - 13 mars 2019 :