Article paru dans
le bulletin « Combattre pour le socialisme » n°71 (n°153 ancienne
série) - 05 décembre 2018 :
La grève générale de Mai-Juin 1968 :
Retour
sur les faits et leçons d’actualité (2e partie)
Nous poursuivons ici la
publication de l’article dont la première partie est parue dans CPS 70.
Qui
dirige la grève ?
C’est évidemment la question clef. Cette grève met en
mouvement des millions de travailleurs en majeure partie inorganisés. Si dans
les périodes « calmes » le syndicat représente l’ensemble des
salariés, dans une situation de grève massive, la participation de tous les
grévistes à la définition de la plateforme et à l’élection de leurs
représentants est un enjeu décisif. Organisation des piquets de grèves,
organisation de l’occupation, protection de l’entreprise, organisation des
manifestations… Mais avant tout il y a le problème des mots d’ordre, la liaison
avec les autres entreprises de la localité, du département, au plan national.
Pour cela, la démocratie voudrait que les grévistes, en assemblée générale,
après un libre débat, désignent ceux de leurs camarades qui leur paraissent les
plus aptes à les représenter, que se constitue ainsi un comité central de grève
faisant une place aux représentants des syndicats qui soutiennent la grève. La
direction nationale de la grève lui reviendrait. On imagine aisément le pouvoir
qui serait dans les mains d’une telle représentation unifiée et démocratique
des grévistes.
La direction de la CGT le comprend bien et dit haut et
clair qu’elle n’en veut pas. Lors d’une émission réalisée le 21 mai sur Europe1 on demande à G. Séguy :
« Monsieur Séguy, je vous ai entendu dire que vous demandiez aux
travailleurs de former des comités de grève. Je suis d’accord sur ce que vous
venez de dire mais je vous demande pourquoi vous n’appelez pas à la fédération
des comités de grève existants et à la formation d’un comité national de grève. »
Réponse : « Vous
préconisez l’organisation de tous les comités de grève sous une forme
nationale. Eh bien, je crois que les confédérations peuvent prendre elles-mêmes
en charge les tâches qui leur incombent. Elles existent, elles sont
structurées, elles ont leurs responsables et pour ce qui nous concerne, à la
CGT, nous souhaitons tout simplement que sur la base d’un tel mouvement l’ensemble
des organisations syndicales ouvrières, du bas jusqu’en haut, réalisent le
front syndical commun que nous n’avons jamais cessé de préconiser. »
Quel culot ! La direction de la CGT (comme celles de FO, de la FEN, de la
CFDT) n’a pas appelé et n’appellera pas à la grève générale, mais elle exige
que les bureaucrates (dans l’unité bien sûr !) la dirige sans
partage ! On verra donc très rapidement se mettre en place dans chaque
entreprise une coordination des directions syndicales (le plus souvent
CGT-CFDT) représentation autoproclamée des grévistes, qui, le plus souvent,
sont appelés à rester chez eux.
À l’issue du conseil des ministres du 21 mai, on parle de
la proposition par le général de Gaulle d’un référendum en juin sur la
participation ; il y renoncera, son
contenu aurait été celui du texte qu’il proposera un an plus tard pour le
référendum dont l’échec provoquera son départ. En tout cas, il affirme la
volonté du pouvoir de ne pas infléchir sa politique.
Le lendemain 22 mai, la CGT et la CFDT font une
déclaration commune affirmant « (qu’)elles sont prêtes à prendre
part à de véritables négociations sur les revendications essentielles des
travailleurs (...). » Elles maintiennent leur demande d’abrogation des
ordonnances, mais n’en font pas un préalable. Pour elles le gouvernement est un
interlocuteur valable et 10 millions de travailleurs en grève ne modifient en
rien leur plateforme revendicative.
La
question du pouvoir est objectivement posée
En quelques jours toute
l’activité économique du pays est paralysée. À
propos de la grève générale anglaise de 1926, Trotsky
écrivait déjà : « (…) Le pouvoir de
l’État n’est pas une idée mais un appareil matériel. Si l’appareil répressif et
administratif est paralysé, le pouvoir de l’état l’est également. Dans une
société moderne nul ne peut gouverner sans contrôler les chemins de fer, les
ports, l’énergie, les postes, les mines (…). »
De Gaulle ne pouvant se résoudre à admettre qu’il ne
contrôle pas la situation doit être mis à la raison par ses ministres : « (…) revenu de Roumanie, il (de
Gaulle) a donné ordre, le 19 mai, à son
gouvernement de prendre d’assaut immédiatement la Sorbonne et l’Odéon… et
prononcé la fameuse phrase : “la
réforme oui, la chienlit non !” Ses interlocuteurs, Pompidou en tête, lui
ont expliqué que ce n’était pas possible vu le rapport des forces. Il fallait d’abord
fatiguer la bête. Le général a dit qu’il ne voulait pas le savoir et il a même
eu cette phrase incroyable, à Fouchet qui lui disait que les CRS n’étaient pas
prêts à le faire : “Mais vous savez ce qu’on fait dans ces
cas-là, Fouchet, on leur donne de la gnôle !” » (H.
Weber dans Le Monde Hors série déjà cité, 1ère
partie). Ce jour-là de Gaulle a été désobéi par ses ministres : du point
de vue de la survie du régime ils avaient raison, pour « fatiguer la
bête » il fallait laisser faire les directions syndicales.
Cette
situation d’impuissance au plus haut sommet de l’État est ressentie dans le
camp adverse. Lorsqu’on est 10 millions de
grévistes, cela modifie radicalement la perception que l’on a de la réalité.
L’exploitation quotidienne du travail : les cadences infernales, les
brimades et les vexations de la maîtrise qui sont l’ordinaire du travail à la
chaîne ; l’insécurité et l’insalubrité qu’il faut accepter en silence,
tout l’ordre pourri du vieux monde qui semblait inamovible et,
soudainement : « si on pouvait en finir ? »
Une situation qu’en 2008, lors d’un
débat au siège du SNES, A. Dalançon, ancien membre du Bureau national,
caractérise ainsi : « La question en jeu c’était bien la
construction du socialisme en France », ce qu’un autre intervenant, le
secrétaire national de la FSU, G. Aschiéri, s’efforce immédiatement de
gommer : « En 68 s’est affirmée une volonté de prise de pouvoir
des salariés et des enseignants dans l’organisation de leur travail » (L’université syndicaliste, déjà citée).
Aschiéri vend la mèche : il ne s’agissait pas de renverser le gouvernement
(pour lui et ses semblables ce n’est et ne sera jamais le moment), moins encore
de former un gouvernement ouvrier qui porterait la hache dans le régime du
profit. Au pouvoir d’État, à la propriété collective des moyens de production,
on substitue un prétendu « pouvoir » sur les lieux de travail, dans
le cadre inchangé des rapports de propriété, c’est-à-dire sous la dictature du
budget d’État dans le secteur public et des objectifs de profit dans les
entreprises.
Pouvoir étudiant, pouvoir ouvrier… contre conquête du
pouvoir
Aschiéri ne fait que reprendre ce qui a été la position d’une
grande partie des organisations intervenant dans les universités pendant la
grève générale. La direction nationale de l’UNEF publie le 16 mai un document
« programmatique » qui, au point 1, se prononce pour le « pouvoir
étudiant », et au point 2, pour « l’autonomie des
universités ». La conclusion très pertinente du point 2 : « On
sait cependant que dans un régime capitaliste, un tel type de pouvoir ne peut
être que temporaire » n’est là que pour donner le change puisque ce
document n’ouvre aucune perspective politique. On veut bien reconnaître que « la
chute du pouvoir actuel ne pourra se faire que si la lutte est menée par les
travailleurs eux-mêmes », mais la responsabilité de l’UNEF à
l’université serait d’abord d’unifier les dizaines de milliers d’étudiants
grévistes à travers un comité national de grève qui pourrait s’adresser aux
travailleurs et à leurs organisations ouvrant la perspective d’une direction
nationale unique étudiants-ouvriers de la grève, ce à quoi elle se refuse. Ce
faisant, elle occulte que la lutte n’est précisément pas menée par les travailleurs
eux-mêmes (pas plus que par les étudiants eux-mêmes) mais contrôlée par les
bureaucrates.
« L’autonomie des universités »
est participation-compatible ; dès novembre 1968, elle prendra la forme de
la loi Faure qui institue les conseils de gestion. Elle se situe sur le même
terrain que la « revendication » de la reconnaissance des sections
syndicales d’entreprises, la seule réellement défendue par la CFDT pendant la
grève générale. Sa direction le reconnaît pour s’en féliciter, comme attesté
par un document paru en 1980 signé E. Descamps et J.-P. Murcier, deux des
négociateurs de la CFDT à Grenelle : « La
Confédération met en avant la revendication (…) de structures démocratiques à
base d’autogestion (…). La lutte des étudiants pour la
démocratisation des universités est de même nature (…) que celle des
travailleurs pour la démocratie dans les entreprises (…) A la monarchie
industrielle et administrative, il faut substituer des structures démocratiques
à base d’autogestion. L’extension des libertés syndicales, la
reconnaissance de la section syndicale d’entreprise, la garantie de l’emploi, le
droit des travailleurs à la gestion de l’économie et de leur entreprise
doivent être affirmés avec plus de force que jamais. » Ils ajoutent : « l’extension
du droit syndical dans l’entreprise fut vécue comme la condition d’une plus
grande liberté, comme l’espoir de pouvoir s’exprimer sur les conditions de
travail, la discipline, l’organisation des ateliers, le devenir de l’entreprise ». Aujourd’hui
la référence à l’autogestion a disparu ; à l’époque, ce concept avait pour
fonction de créer la confusion, car il pouvait laisser entendre que c’était une
forme du combat pour la socialisation des moyens de production. Mais « s’exprimer sur » ce n’est
évidemment pas décider : pour cela, il faudrait remettre en cause la
propriété, ce dont il n’est pas question. Reste l’association à la réalisation
des objectifs patronaux (cogestion).
En réalité, le concept
d’autogestion (comme celui de pouvoir ouvrier), n’était qu’un masque pour
faciliter le glissement des directions des syndicats ouvriers (CGT, FO, FEN)
vers la cogestion, véritable ADN de la CFDT. Son secrétaire général E. Descamps
et J.-P. Murcier rapportent qu’à Grenelle G. Pompidou a laissé entendre :
« qu’il n’a aucune hostilité vis à vis du syndicalisme, car il est
convaincu de la nécessité d’encadrer la classe ouvrière » (doc déjà
cité). La CFDT était parfaitement dans son rôle en ne s’offusquant pas de la
fonction assignée aux syndicats par Pompidou. Mais les directions de la CGT, de
FO ou de la FEN (non représentée à Grenelle) n’étaient pas sur un autre
terrain. A. Halbeher, qui était le secrétaire de la CGT à Renault-Billancourt
(entreprise dont les ouvriers ont eu un rôle politique majeur dans la lutte des
classes du prolétariat français jusqu’à sa fermeture en 1992), rapporte, lors
d’une conférence en 2008 : « La grève aurait pu échouer en 1968,
dès le premier jour de l’occupation d’usine, si les salariés avaient écouté les
sirènes qui leur conseillaient d’abandonner l’usine pour aller défiler dans les
rues, ou s’ils avaient accepté de laisser tomber leurs revendications
quantitatives (comme on le disait avec mépris), pour des revendications
qualitatives relatives à la prise du pouvoir. »
Le tableau ne serait pas complet si
on ne disait pas que la loi Faure de novembre 68 sera votée par la SFIO et que
le PCF s’abstiendra, ce qui vaut soutien. Immédiatement, les directions
syndicales unanimes (à l’exception des AGE de l’UNEF dirigées par les
trotskystes) ce sont précipitées dans les conseils de gestion des universités
pour y cogérer la mise en œuvre du budget alloué par l’État. Même chose dans
les établissements scolaires du second degré avec la mise en place des CA Cela
ne se fit pas sans opposition, ce dont témoigne ce compte-rendu du congrès du
SNES (1969) à propos de la participation du syndicat aux élections aux CA.
« La direction dut batailler ferme
pour faire approuver le rapport de synthèse. (…). La résolution majoritaire
débutait donc par une réaffirmation du congrès de “son hostilité à toute
forme d’intégration du syndicalisme à l’appareil d’État” et la condamnation de la “participation gaulliste” qui allait être le principal objet du
référendum. Elle estimait cependant que la mise en place des CA comportait des
“éléments positifs”. Les représentants du
SNES devaient en faire “un lieu de la bataille syndicale”, mais leur présence n’était pas
“inconditionnelle” et le SNES se
réservait la “possibilité de donner la consigne de refuser de siéger au
moment opportun”. » (A. Dalançon, Histoire
du SNES, tome 2). Cela en dit long sur les traces laissées dans la
conscience des syndiqués sur le rôle joué par les directions pendant la grève.
En mai 68, la question du pouvoir
est posée. Sans attendre, la SFIO et le PCF se disposent pour ouvrir une issue
au gouvernement.
Contre le renversement du gouvernement par la grève
générale, la FGDS en appelle à des élections, proposition soutenue par le PCF
Le déferlement de la grève met en
danger la survie du régime ; du côté de la bourgeoisie comme de celui de
la SFIO et du PCF, on en est conscient. Pour juguler de plus grands périls, on
n’exclut pas de devoir recourir à un gouvernement de type front populaire,
c’est-à-dire un gouvernement dont la fidélité à l’ordre bourgeois serait camouflée
par la présence en son sein de représentants des partis d’origine ouvrière.
Mais l’arrivée au pouvoir de ce gouvernement sous la pression directe de la
grève pourrait être perçue comme une victoire par les travailleurs et un
encouragement à aller plus loin dans la remise en cause de l’ordre capitaliste.
Au minimum on ne pourrait envisager un retour au calme sans satisfaction de revendications
majeures (échelle mobile des salaires, 40 heures, retraite à 60 ans,…).
Difficile dans ce cadre de maintenir les institutions de la Ve
République, une crise révolutionnaire pourrait s’ouvrir. On se retrouve donc
d’accord pour éviter tout changement de gouvernement à chaud.
Pour envisager une solution
gouvernementale, la classe ouvrière ne peut que se tourner vers les partis qui,
historiquement, se sont constitués dans le combat contre la bourgeoisie. En 68,
il y en a deux connus de tous : la SFIO (qui deviendra le Parti socialiste
un an plus tard) et le PCF.
Depuis 1965, la SFIO fait partie de
la FGDS (Fédération de la gauche démocrate et socialiste), un regroupement qui
se fait sur les positions de F. Mitterrand qui représente un petit parti
réactionnaire (la Convention des institutions républicaines, CIR). En 1958 il a
dénoncé la Ve république, mais il n’entend pas arriver au pouvoir
porté par la grève générale. Le 17 mai, la FGDS publie un communiqué :
« La
FGDS se félicite de voir les grévistes et manifestants affirmer leur volonté de
modifier les structures de la société pour créer un régime fondé sur la
participation et garantissant les libertés... Ayant exprimé sa volonté de
voir ce gouvernement disparaître et la nation désigner dans de nouvelles
élections ses représentants, la FGDS souhaite que les organisations
syndicales et politiques établissent avec précision ce que sont les réformes de
structure et les améliorations sociales qui sont immédiatement réalisables. »
On a assez insisté sur la
signification de la participation tout au long de ce texte pour ne pas avoir à
commenter ce qu’elle signifie ici. On doit par contre indiquer que
l’organisation d’élections est impossible dans une situation de grève générale.
Alors que la grève est encore dans une phase d’extension, Mitterrand et la SFIO
se situent dans la perspective de sa liquidation.
Le même jour on lit dans l’Humanité : « (...) Les conditions mûrissent rapidement pour en finir avec le
pouvoir gaulliste et promouvoir une démocratie authentique, moderne, conforme à
l’intérêt du peuple et de la France ... L’entente entre les partis de gauche
sur un programme social avancé (...) devient urgente (...) Le parti communiste
tout comme la FGDS souhaite voir disparaître le gouvernement et la majorité
actuels (...) Il œuvre à l’avènement d’une majorité de gauche (...) C’est
pourquoi le PCF considère qu’il est urgent d’aboutir à l’accord sur un
programme social avancé (...) ce programme devrait établir avec précision les
réformes de structures et les améliorations sociales nécessaires et
immédiatement réalisables. Si l’entente des partis de gauche le permet, les
jours du régime personnel sont comptés ». Que signifie l’évocation
d’une « majorité de gauche » sinon l’accord du PCF pour se servir du
mirage d’une victoire électorale pour briser l’aspiration des grévistes à faire
tomber le régime sur la base du rapport des forces ?
Le 24 mai, après le discours de de
Gaulle qui annonce un référendum pour juin, Waldek Rochet confirme : « Ce n’est pas un référendum qui
résoudra les problèmes, le pouvoir est condamné à terme. Le régime gaulliste a
fait son temps. Il doit s’en aller. Le PCF, considérant qu’il faut franchir une
étape vers le socialisme, propose non seulement la nationalisation des grandes
banques d’affaires, mais aussi celles des grandes entreprises industrielles ... »
A terme ? Ce n’est pas tout de
suite sous les coups de la grève générale.
C’est donc dans un contexte où les
partis qui pourraient ouvrir une issue politique affirment qu’ils ne
s’appuieront pas sur le mouvement des masses pour chasser le gouvernement que,
le 25 mai, commencent les négociations gouvernement-syndicats, dites de
Grenelle, auxquelles les dirigeants se rendent sans aucun préalable. Exit l’exigence
de l’abrogation des ordonnances, une revendication qui avait un caractère
décisif non seulement par l’importance des mesures que ces dernières contenaient
mais surtout parce qu’elles étaient un concentré de la nature des institutions
de la Ve République sur lesquelles s’appuyait le gouvernement. Pour le régime gaulliste, leur abrogation pouvait être
un coup fatal.
Selon Le Monde du 26 avril 2018 : « D’un côté comme de l’autre on a préparé la rencontre de Grenelle
à l’abri des regards. C’est dans ce contexte entre le 18 et le 20 mai qu’Henri
Karsucki numéro 2 de la CGT et Jacques Chirac se retrouvent en tête à tête dans
un lieu discret, le cabinet d’un avocat communiste. (…) En vérité, et cet
épisode l’illustre, durant toute la période de mai 68 les ponts n’ont
jamais été rompus entre le gouvernement et les syndicats. “Nous étions tous en relation avec nos interlocuteurs habituels” se souvient Edouard Balladur. »
Au sortir de la négociation, le 27
au matin, Pompidou peut déclarer : « Nous
sommes arrivés à un ensemble de conclusions positives et dont on peut dire qu’elles
constituent un accord (…). » G. Séguy ne dément pas : « ... il reste encore beaucoup à
faire, mais les revendications ont été retenues pour une grande part et ce qui
a été décidé ne saurait être négligé. Cependant nous ne saurions donner de
réponse sans consulter les travailleurs. Nous pensons que sur la base des
renseignements et des appréciations que nous leur donnerons ils pourront
prendre dans les meilleurs délais leurs décisions en conséquence. »
Le contenu des accords se réduit à
des augmentations de salaires certes non négligeables : 35% d’augmentation
du SMIG au 1er juin (mais ce n’est pas plus qu’un rattrapage de ce
qui avait été perdu depuis 1958), une hausse générale des salaires de 14%. Mais
ni l’échelle mobile des salaires, ni les 40 heures (pourtant obtenues en 1936,
mais on en était à 48 et plus), ni la réduction de l’âge de la retraite. Les
heures de grève doivent être récupérées. Le gouvernement reste en place à peu
de frais, compte tenu de la puissance de la mobilisation ouvrière.
Ne signez pas
Le lundi 27, les ouvriers de
Renault-Billancourt sont revenus en masse dans l’usine pour écouter le
compte-rendu des négociations par les dirigeants de la CGT et de la CFDT. C’est
Séguy qui doit présenter les accords, il commence par dire que si les négociations
avaient été menées par un syndicat unique avec un gouvernement populaire, les
résultats auraient été plus importants. Il est interrompu par les cris de « gouvernement populaire ! »
Lorsqu’il en vient à la récupération des heures de grève, il est interrompu par
une vague de cris et de huées. « Ne signez
pas ! Ne signez pas ! » : ce cri va être repris
par des millions de grévistes, il proclame la réalité révolutionnaire de la
grève générale.
L’explosion de colère des ouvriers
de Renault qui va s’étendre à Berliet, Citroën, Rhodiaceta, Sud-Aviation...
cristallise toute l’évolution accomplie durant la grève générale.
Dès le 28 mai l’Humanité est obligé de titrer « ça
ne fait pas le compte ». L’emprise des dirigeants sur la grève est
menacée. Mais l’absence d’un comité central national de grève fait que la
pression ouvrière est fragmentée, dispersée et, au final, impuissante à imposer
une solution politique.
Moyennant quoi, le petit jeu entre
le PCF et la FGDS (qui devaient d’abord se mettre d’accord sur un programme)
continue et le 30 mai de Gaulle peut passer à la contre-attaque : il
annonce qu’il renonce au référendum, maintien Pompidou en place, dissout
l’Assemblée nationale, menace de la guerre civile.
R. Ballanger, président du groupe
communiste à l’Assemblée, déclare : « ...
Calmes et sûrs de leur force, les travailleurs continueront à défendre les
revendications pour lesquelles ils sont en grève. lls participeront ensuite
avec plus de force et de confiance à la campagne électorale pour battre le
pouvoir gaulliste » .
Préparer les élections comme
voulues par le général vaut engagement à tout mettre en œuvre pour liquider la
grève.
Séguy est sur le même terrain :
« La
CGT est prête à poursuivre cette négociation à l’échelle gouvernementale et du
CNPF et à tous les autres niveaux (c’est-à-dire entreprise par entreprise,
ndlr) afin de parvenir à un accord susceptible d’être approuvé par les
travailleurs (...) la CGT n’entend gêner en rien le bon fonctionnement de la
consultation électorale ».
À un journaliste qui lui demande : « Faites-vous de l’abrogation des ordonnances
sur la Sécurité sociale un préalable à la reprise du travail ? » , il répond : « C’est
un objectif essentiel de notre action. Le gouvernement nous a dit que cette
question relevait de la compétence de l’Assemblée nationale. Du fait qu’elle est à présent dissoute, il appartient donc au corps électoral
de la trancher. »
« Le gouvernement nous a
dit », on
s’exécute !
Dans Le Figaro du 4 juin, R. Aron résume ainsi la politique du
PCF :
« A
aucun moment le parti communiste, la CGT n’ont poussé à l’émeute, ( ...) n’ont
voulu abattre le pouvoir gaulliste (...) les erreurs commises par le
gouvernement tiennent, pour une part dans une confiance excessive dans le
soutien des communistes. En dernière analyse, celui-ci n’a pas trompé cette
confiance. Dans l’heure qui a suivi l’allocution du président, il a désamorcé
la bombe et consenti à des élections qu’il n’a guère l’espoir de gagner. » Inutile de commenter.
Mais c’est un élément essentiel de
comprendre qu’à ce moment-là rien n’est encore joué définitivement ; seule
l’absence d’une avant-garde organisée suffisamment aguerrie et implantée dans
les bastions de la classe ouvrière empêchera que la volonté de chasser de
Gaulle et son régime puisse aboutir.
Sur ce point l’OCI, lors du congrès
qui eut lieu après la grève générale, a reconnu des faiblesses dans son
intervention. Sur une question essentielle, celle du pouvoir. « 10 ans, de
Gaulle ça suffit » a surgi spontanément, oui mais après ? Pour les
révolutionnaires l’alternative au capitalisme c’est le socialisme, oui, mais
comment? On ne peut avancer dans l’expropriation du capital, la destruction des
piliers de l’État bourgeois - l’appareil policier et militaire, l’appareil
judiciaire - sans un gouvernement ouvrier, oui, mais comment rendre ce mot
d’ordre concret pour des millions de travailleurs ? Nous avions
formulé : « gouvernement du comité central de grève », mais en
l’absence d’un mouvement suffisamment visible vers la réalisation de cet organe
de pouvoir révolutionnaire, ce mot d’ordre était une pure abstraction ;
son usage a d’ailleurs été plus symbolique que réel…
À partir de quoi peut-on définir
une transition vers le gouvernement ouvrier sinon à partir de ce que les masses
connaissent, et considèrent, avec plus ou moins d’illusions, comme leurs
partis ? Lorsque les grévistes de chez Renault reprennent avec
enthousiasme « gouvernement populaire », quel autre contenu peut-il
avoir que celui d’un gouvernement du PCF et de la SFIO ?
Les trotskystes préciseront
« sans ministre bourgeois ». Pas un détail, mais une leçon de l’histoire
qu’ils ont tirée du bilan des gouvernements d’alliance des partis d’origine
ouvrière avec des partis bourgeois (Front populaire). En France, en 36,
l’alliance de la SFIO et du PCF avec le parti radical de Clemenceau a formé le
gouvernement qui a endigué la crise révolutionnaire, abandonné la révolution
espagnole aux franquistes et aux nazis qui préparaient la seconde guerre
mondiale. On nous dira « mais vous savez bien qu’ils ne veulent surtout
pas gouverner seuls ». Nous répondons que nous ne partons pas de ce que
veulent les dirigeants, mais de ce que les masses en attendent. Entendant les
discours des dirigeants du PCF (en 1968) se prononçant pour les
nationalisations, elles ne pensent pas que c’est un camouflage de leur trahison
mais que c’est leur programme. Mais on ne peut pas se contenter de dire
« que le PCF et la SFIO prennent le pouvoir » ; nous devons en
même temps préciser quel devrait être le programme de ce gouvernement.
C’est-à-dire un programme anti-capitaliste, démantelant l’État bourgeois.
Contrairement à ce qu’affirme le
stalinien secrétaire CGT de Renault-Billancourt, c’était bien la question du
pouvoir qui concentrait les aspirations des grévistes, même s’ils n’avaient pas
les moyens politiques de formuler une réponse en positif. En témoigne
abondamment l’extraordinaire résistance de millions d’entre eux face aux
manœuvres pour leur faire reprendre le travail. On avait conscience que le
rapport des forces avait basculé, que c’était un moment exceptionnellement
favorable.
La déception tragique qu’exprime
une jeune ouvrière (« La reprise du travail chez Wonder », visible
sur You tube) de chez Wonder face aux
bureaucrates syndicaux qui lui enjoignent de reprendre le travail exprime en
négatif quelles étaient les aspirations réelles de ces couches de travailleurs
surexploitées. Il ne s’agissait pas, pour eux, de desserrer un peu le carcan de
l’exploitation mais d’en finir avec elle. Le maintien en place du gouvernement
signifiait que cette perspective qui semblait à portée de la main s’évanouissait
pour une durée indéterminée.
La bataille pour faire rentrer le
fleuve dans son lit n’a pu l’être que parce que les appareils syndicaux avaient
réussi à interdire que l’unité de la grève générale comme mobilisation de
l’ensemble de la classe ouvrière se traduise en termes d’organisation, les
comités de grève réels étaient peu nombreux, une centralisation inenvisageable.
À partir du 1er juin, c’est
enfermés dans leur entreprise, leur bureau, leur dépôt, leur école que les
travailleurs sont appelés à se prononcer sur la reprise du travail. II ne leur
est pas possible de confronter leur position avec celle d’autres travailleurs.
Les bureaucrates iront même jusqu’à interdire les contacts entre grévistes
d’usines d’un même groupe comme chez Renault.
Quelques concessions et des manœuvres pour défaire la
grève générale
Le mardi 4 juin, la pression des
directions syndicales en vue d’obtenir la reprise s’accentue. Le gouvernement
qui veut aller vite est contraint de faire quelques concessions. Augmentations
de salaire, conditions de travail, il va au-delà des accords de Grenelle dans
les secteurs stratégiques où il veut une reprise immédiate (SNCF, RATP, PTT,
notamment). L’Humanité du 4 juin a un
titre qui dit son engagement pour la reprise : « Gouvernement et patronat
prolongent la grève dans des secteurs importants » ; le
sous-titre conforte : « La CGT appelle la classe ouvrière et la
population à une vaste solidarité matérielle pour ceux qui sont contraints de
poursuivre le mouvement. » Au même moment, la CGT appelle à la reprise
à EDF.
Ce qui se passe à la SNCF a
largement valeur d’exemple pour le secteur nationalisé. Le 4 juin, les
représentants syndicaux et ceux du gouvernement se sont entendus sur un accord
qu’il s’agit de faire avaliser par les grévistes. Quelques concessions ont été
faites : paiement des jours de grève, réduction d’une heure et demie de l’horaire
de travail, 10% de hausse de salaire, deux jours de congé supplémentaires par
an. Ces résultats ne répondent à aucun des objectifs fondamentaux de la grève
et ne donnent aucune garantie pour l’avenir, compte tenu des plans de
« rentabilisation » (déjà !) de la SNCF en gestation. L’appareil
se bat pour imposer la reprise. On recommence les votes lorsqu’ils n’ont pas
été favorables comme au Mans, Vierzon, Orléans. Aux dépôts réfractaires, on
explique que les autres ont déjà voté la reprise, non sans mal. Ainsi à Lyon. 3
500 cheminots se prononcent contre la reprise, 2 200 pour. Au cours du meeting
central dont les bureaucrates voulaient faire la conclusion de la grève, les
responsables fédéraux de la CGT, membres du PCF, se font huer. Les cris de
« trahison », « ça ne fait pas le compte »
s’élèvent.
Le 6 juin, l’Humanité dénonce ceux qui résistent : « Quelques-uns boudent encore. Il est assez curieux de constater
que c’est souvent les plus chauds partisans de l’inaction qui se montrent
maintenant le plus exigeants. Tout n’est pas réglé, personne ne le contredira.
(…). Les cheminots ont si souvent été roulés par le pouvoir gaulliste. Mais en
ayant avec les autres grévistes obligé le pouvoir à recourir à des élections,
ils se sont ménagés une nouvelle chance de voir garanti ce qu’ils viennent d’obtenir
par la lutte. Cette deuxième chance ne doit pas être compromise. » On
sait ce qu’il adviendra de cette « deuxième chance »
électorale : une assemblée dans laquelle le parti gaulliste s’octroie une
écrasante majorité !
Au Comité Central de décembre 1968,
W. Rochet déclare : « Par-delà
la satisfaction des revendications immédiates devenues impérieuses, le mouvement
visait à des transformations plus profondes et plus décisives du monde dans
lequel nous vivons. Le problème du remplacement du pouvoir gaulliste en tant
que pouvoir des monopoles a été posé avec force (…) ». « La
force » que la bataille pour la reprise du travail au nom de « la
satisfaction des revendications immédiates » visait précisément à
disloquer.
Dislocation qui se heurte à de
vives résistances aussi dans l’enseignement où les manœuvres de la direction
(SFIO) de la FEN se combinent avec celles du courant Unité et Action (dirigée
par le PCF).
C’est ce même 6 juin que l’Humanité a titré : « Reprise victorieuse du travail ».
Dans l’éditorial E. Fajon s’en prend violemment aux « gauchistes » :
« (…) Il faut le souligner d’autant plus que des groupes pseudo-révolutionnaires,
après s’être ingéniés à saboter le grand mouvement en cours sous prétexte que
les revendications n’auraient plus d’intérêt, essaient à présent d’empêcher la
reprise du travail là où une conclusion victorieuse a couronné la lutte (…). »
Pourquoi cette campagne de haine du
parti stalinien contre des « groupuscules
sans influence » au moment où la classe ouvrière « opère une reprise victorieuse », sinon parce que « dans cette situation, toute tentative
de regroupement d’une force indépendante des appareils peut polariser la
volonté de combat de fractions importantes de la classe ouvrière »,
comme l’écrivait très justement F. de Massot en 1969.
Mais le secteur le plus important
pour l’issue de la grève est celui de la métallurgie. Si le 6 juin la reprise
est effective dans le secteur public, elle ne le sera que le 18 chez Renault,
et le vote pour la reprise ne sera acquis chez Citroën qu’au lendemain du
premier tour des élections.
Renault-Flins :
résistance, répression, un combat défait par l’isolement organisé par les
appareils
Le 4 juin, à Flins, les ouvriers
Renault réalisant que la maîtrise bourre les urnes lors du vote sur la reprise,
les détruisent et spontanément, sans aucune intervention syndicale, à
6 000 ils votent la poursuite de la grève. Conforté par les accords dans la
Fonction publique, le gouvernement lance CRS et gardes mobiles à l’assaut de
l’usine, les portes sont forcées par un half-track, le piquet de grève
brutalement expulsé. Le comité d’alliance ouvrière de la métallurgie lance un
appel (6 juin) :
« Aujourd’hui
l’État frappe car l’unité a été rompue. (…). Il n’y a pas une grève RATP, plus
une grève SNCF, plus une grève PTT, plus une grève Billancourt, (…), il y a une
seule grève, la grève générale de tous les travailleurs. Ceux qui ont brisé l’unité
de la grève et qui ont commencé à faire rentrer les travailleurs, corporation
par corporation, usine par usine, portent une très lourde responsabilité (…) et
préparent la défaite. »
L’appel reprend les revendications
qui centralisent la volonté commune de tous les salariés : les 40 heures,
les 1 000 F par mois minimum avec l’échelle mobile des salaires et
l’abrogation des ordonnances ; il s’adresse aux confédérations ouvrières
pour qu’elles appellent à une manifestation centrale devant le CNPF et devant
l’Elysée, conclut par « A bas de Gaulle ! A bas l’État
policier ! »
On note que cet appel ne fait pas
le silence sur la responsabilité écrasante des appareils syndicaux dans la
tentative d’isolement des métallos, secteur névralgique du prolétariat. Son
écho est réel, il sera suivi d’un appel de 70 ouvriers de Renault-Flins « aux
ouvriers de la régie Renault, à tous les métallos de la région parisienne, à
tous les travailleurs de la région parisienne », appel qui demande aux
syndicats de prendre leurs responsabilités et d’appeler à une manifestation à
Paris contre le gouvernement.
Le 8 juin, pour la première fois,
le comité intersyndical de Renault-Billancourt laisse entrer dans l’usine une
délégation d’ouvriers de Flins venue réclamer l’organisation d’une solidarité
effective. L’un des bureaucrates répond aux travailleurs de Flins :
« La CGT n’a de conseils à recevoir de personne ». L’orientation
défendue par les révolutionnaires a un écho bien réel, mais la force organisée,
prête à affronter l’appareil est trop faible dans une situation où la volonté
ouvrière commence à être minée par la politique de division à laquelle elle se
heurte depuis des semaines.
Le 7 juin, de Gaulle est longuement
interviewé à la télévision. À 21 heures,
le bureau confédéral de la CGT commet un communiqué dans lequel il reproche
notamment à de Gaulle d’avoir « omis de désigner les véritables
fauteurs de troubles et de provocations dont les agissements, y compris contre
la reprise du travail, sont couverts par une singulière complaisance du
pouvoir ». Message bien entendu du gouvernement qui après avoir
décrété (7 juin) l’amnistie intégrale des membres de l’OAS encore incarcérés,
dissout (12 juin) onze organisations ouvrières et de jeunesse se réclamant du
socialisme.
La grève se poursuivra encore dans
les secteurs les plus résolus de la classe ouvrière, de plus en plus isolés, et
sur lesquels la bourgeoisie peut déchaîner la violence policière. In fine, le
déroulement des élections pourra s’effectuer « normalement » ;
elles assureront une victoire sans partage du parti gaulliste comme il était
prévisible, le PCF perd 500 000 voix.
Actualité des enseignements de la grève générale de
Mai-Juin 1968
La grève a montré à la fois la
force du mouvement spontané et son impuissance à surmonter les obstacles, faute
d’un parti révolutionnaire. L’implantation de l’OCI était trop faible pour que
son influence aille au-delà d’un cadre local. Mais dans la grève et dans les
années qui ont suivi, l’OCI s’est renforcée dans une situation où les
organisations qui se réclamaient du socialisme avaient un réel écho, en premier
lieu dans la jeunesse.
Il faudrait avoir des lunettes
posées à l’envers ou un sérieux besoin de se tromper (ou de tromper) pour faire
un quelconque rapprochement entre la période de mai-juin 68 et celle que nous
vivons. Aujourd’hui, le pouvoir de Macron n’est pas menacé par le mouvement de
la classe ouvrière et de la jeunesse. Au contraire, le gouvernement semble en
passe d’achever le détricotage des acquis ouvriers de 1945, sans affrontement
susceptible de l’inquiéter. Cela grâce à la complicité sans faille des
appareils syndicaux vautrés en toute connaissance de cause dans la
concertation-coélaboration des « réformes ».
Mais il n’est pas au pouvoir de la
bourgeoisie et des appareils bureaucratiques d’en finir avec la lutte des
classes. Quel que soit le temps que cela prendra (et personne ne peut prévoir
les délais), la formidable régression sociale et politique que la bourgeoisie
doit imposer aux travailleurs et aux jeunes déclenchera une riposte à travers
laquelle à nouveau la question du pouvoir sera posée. Avec elle, la nécessité
de la construction d’un parti révolutionnaire ressurgira avec force. Pour
intervenir dans sa construction, l’assimilation de l’expérience accumulée dans
le combat de l’OCI, avec ses forces et ses faiblesses, est un acquis des plus
précieux.
Cette réflexion politique est
indissociable du combat quotidien pour dégager les voies de l’affrontement avec
le gouvernement, pour mettre en échec ses « réformes ». Il suppose en
préalable de dénoncer clairement l’association des bureaucrates syndicaux à l’élaboration
de ces « réformes » et, là où l’on en a les moyens, de prendre les
initiatives de regroupement de travailleurs et de jeunes qui leur permettent de
faire valoir l’exigence de la rupture.
Sources :
Sur la période 1963-68, on se
référera à l’article de S. Just paru dans La
Vérité sous le titre « La grève générale de 1968 est venue de
loin », disponible sur Internet.
Sur la grève générale, le livre de
F. de Massot publié en 1969 sous le titre La
Grève générale : Mai-Juin 1968 est très bien documenté.
Sur la question des mots d’ordre
gouvernementaux, dans la brochure Comment
le révisionnisme s’est emparé du PCI, S. Just apporte des réponses
indispensables à la compréhension de notre histoire.
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