Article paru dans
le bulletin « Combattre pour le socialisme » n°68 (n°150 ancienne
série) - 1er mars 2018 :
Enseignement public
Sélection à l’Université, développement de
l’apprentissage et liquidation de l’enseignement professionnel public, projet
de contre-réforme du bac et du lycée, le gouvernement Macron-Philippe déploie
un plan d’une ampleur inédite depuis 30 ans contre la jeunesse, l’enseignement
public et les enseignants
L’adoption
définitive de la loi de sélection à l’Université le 15 février est le premier
acte du plan d’ensemble du gouvernement Macron-Philippe contre l’enseignement
public, le droit aux études, le statut des enseignants, les diplômes nationaux
et l’enseignement professionnel public. Et il faut admettre que ce plan a une
réelle cohérence.
Des
projets de réformes du bac, du lycée et de l’apprentissage à la loi de
sélection à l’entrée de l’Université, il s’agit pour la bourgeoisie française
de remettre en cause le droit des bacheliers à entreprendre des études
supérieures, de liquider le bac comme diplôme national et anonyme, 1er grade de
l’enseignement universitaire, d’aller vers la liquidation de l’enseignement
professionnel public en lui substituant la généralisation de l’apprentissage à
la main du patronat, et de porter des coups décisifs contre les statuts des
enseignants. Même si beaucoup a déjà été fait contre l’enseignement public, on
ne peut qu’être frappé par l’ambition du gouvernement qui estime être en mesure
d’atteindre des objectifs historiques de la bourgeoisie française tant de fois
différés face à la résistance et au combat de la jeunesse.
Pour
retrouver une offensive aussi brutale et simultanée contre la jeunesse et
l’enseignement public, il faut remonter 31 ans en arrière quand le gouvernement
Chirac, quelques semaines après sa constitution, appuyé sur une large majorité
RPR-UDF et aiguillonné par un groupe de 35 députés du Front national, lançait
son projet Devaquet de sélection à l’Université, tout en préparant une réforme
Monory du bac et du lycée et la mise en place de chefs d’établissement dans les
écoles primaires.
Déjà en
1986, la situation économique du capitalisme français lui commandait de
diminuer le nombre d’étudiants qui connaissait une progression ininterrompue.
Or cette situation est aujourd’hui désastreuse, comme nous l’analysons dans
l’éditorial, et justifie plus qu’alors ces attaques en règle contre le droit
aux études. De plus, le gouvernement estime qu’il a les moyens politiques
d’accomplir son ambition. Il considère que la succession des défaites du
prolétariat organisées par les directions syndicales et le désarroi qu’elles
ont engendré lui offre un boulevard pour accomplir ses projets dévastateurs. Et
il est convaincu de pouvoir bénéficier du soutien indéfectible des dirigeants
syndicaux au travers de la concertation, comme il a pu le vérifier – et de
quelle manière ! – au moment de la préparation des ordonnances destructrices
du code du travail, l’été dernier.
On
examinera d’abord tout le processus ayant conduit à l’adoption de la loi de
sélection à l’entrée de l’Université dite « Orientation et Réussite des Étudiants »
(ORE). Puis, on présentera tous les autres projets que le gouvernement veut
imposer contre l’enseignement public (projets apprentissage, enseignement
professionnel, bac et lycée).
1ère
partie
Loi de sélection à l’Université, une attaque en règle contre le droit aux
études
L’adoption
définitive de la loi « Orientation et Réussite des Étudiants » (ORE)
le 15 février marque une étape décisive vers la dislocation du système
d’enseignement public conquis de haute lutte depuis la guerre par les
étudiants, les enseignants, les travailleurs. Cette loi s’attaque en effet à sa
clé de voûte en remettant en cause le bac comme 1er diplôme
universitaire, donnant à tout bachelier le droit de s’inscrire à l’université
dans la filière de son choix. Elle s’intègre dans un plan d’ensemble de réforme
de l’enseignement supérieur (le « plan étudiant »), avec des diplômes
à la carte (licence modulable). Avec pour objectif, la remise en cause du
caractère national des diplômes auxquels sont adossés tant les statuts de la
Fonction publique que les conventions collectives et les classifications
salariales.
Avant
même que la procédure législative ne soit terminée, la nouvelle plateforme
d’affectation ParcourSup a été mise en place. Dès cette année, chaque
université y affiche ses critères de sélection (« les attendus ») et
ses « capacités d’accueil » définies par elle-même. Chaque lycéen
peut y déposer dix vœux non hiérarchisés avec pour seule garantie :
obtenir une affectation « proche de
ses vœux ». Plus de prise en compte de ses préférences ni en termes de
filières ni en terme géographique.
Avec
les vœux indifférenciés, ce sont des millions de dossiers que les universités
devront traiter par algorithme. Autrement dit, le tant décrié APB sera remplacé
par des centaines d’algorithmes locaux encore plus opaques et arbitraires !
La majorité LR du Sénat a « empiré » la version du gouvernement, car
l’étudiant qui ne satisferait pas aux « attendus » pourra être
orienté non plus vers « une remise à
niveau » mais vers une « formation
adaptée ». Les jeunes perdent toute liberté dans le choix de leur
formation, de leur avenir : apprentissage, stages sous-payés, formation de
seconde zone, tout dépendra du bon vouloir des universités qui, avec le
désengagement de l’Etat, sont bien plus préoccupées de leur place sur le
« marché universitaire » et de leurs ressources financières que du
droit aux études et à une qualification pour les étudiants.
Le
Sénat a aussi introduit une subordination directe aux besoins du patronat en
liant explicitement les capacités d'accueil aux débouchés professionnels (ce
qui par exemple ne peut signifier qu'une diminution drastique de celles-ci dans
la plupart des UFR). Enfin, c’est le prélude à une offensive générale contre
les acquis sociaux des étudiants (APL, cités et restaurants universitaires…).
Vers des universités
payantes et concurrentielles
Cette
loi participe de la profonde dénaturation en cours de l’enseignement supérieur
qui est en train de perdre son cadre national et public au profit
d’un système concurrentiel, avec d’un côté les « grandes université »
à dimension internationale hyper sélectives et payantes, réservées à une
« élite », et de l’autre des formations de seconde zone,
non-sélectives, dont les diplômes et les frais d’inscription pourront rester
formellement contrôlés nationalement et où seront relégués la grande masse des
étudiants.
Déjà l’université de Paris-Sud a formalisé ce
projet : seules les filières « d’excellence » sélectives resteraient
dans le cadre de la « grande université Paris Saclay ». Les licences
les moins prestigieuses, non sélectives, professionnalisantes, seraient
reléguées dans un établissement en marge, sans accès au Master.
Ce
« nouveau » modèle de l’université correspond aux intérêts bien
compris du capital qui veut des universités privatisées fonctionnant comme des
entreprises, dont la prospérité dépendra de leurs financements propres et de
leur capacité à mettre en place des filières hyper sélectives. Depuis la loi
LRU de Sarkozy en 2007, en passant par la loi Fioraso, les lois et réformes de
structures se cumulent pour aller toujours plus loin dans cette direction.
Témoigne
de cette volonté, l’adoption récente en 1ère lecture à l’Assemblée
nationale, du projet de loi dite « pour
un État au service d’une société de confiance (sic) ». Son article 28
autorise le gouvernement à légiférer par ordonnances pour permettre à des
établissements d’enseignement supérieur, à titre expérimental (pour 10 ans !),
de déroger au cadre du code de l’éducation, en particulier pour leur mode
d’organisation et de fonctionnement. A partir de là, tout sera permis :
hausse des droits d’inscription, recrutement sur contrat de droit privé, règles
imposées aux personnels, en dehors des statuts !...
Le
modèle d’université préconisé par Macron – ses conseillers, l’ont écrit noir
sur blanc – c’est celui d’une université privatisée où l’étudiant paie son prix
de revient, à l’image du système anglo-saxon. Celui-ci aboutit à un formidable
endettement des étudiants avant même leur entrée dans la vie active, incapables
pour la majorité d’entre eux de rembourser. Certains économistes évoquent pour
cette dette étudiante une bulle de la même ampleur que celle des subprimes en
2008 aux États-Unis.
La sélection à l’entrée de
l’Université signifie l’affrontement avec la jeunesse
Cela
fait des décennies que la bourgeoisie voulait instaurer la sélection à l’entrée
de l’université. 1968, avec la réforme Fouchet, 1976 avec la loi Saunier-Seïté,
et 1986 avec la loi Devaquet. Toutes ces tentatives avaient provoqué d’immenses
mobilisations de la jeunesse, et les gouvernements au service de la bourgeoisie
avait dû battre en retraite. Mais celle-ci n’a jamais lâché prise, et dès 2007,
fort de sa victoire à l’élection présidentielle, Sarkozy repartait à
l’offensive. Les attaques de ces dix dernières années permettaient à la bourgeoisie
d’avancer significativement vers ses objectifs. Cependant, elle évitait
l’affrontement direct avec les étudiants qu’exigeait l’instauration de la
sélection à l’entrée de l’université.
Malgré
la dégradation des conditions d’étude, l’asphyxie financière des universités
(le budget par étudiant a décru de plus de 10% ces 5 dernières années), le
nombre d’étudiants n’a pas cessé de croître, même si c’est plus lentement
depuis les années 2000. Et, en dépit de toutes ces attaques, 80% des étudiants
obtiennent un diplôme supérieur qu’ils peuvent faire valoir sur le marché du
travail. C’est pourquoi, l’enseignement supérieur public dans sa forme présente
est devenu intolérable pour l’impérialisme français. Non seulement à cause de
son coût, mais plus encore, parce qu’il continue de délivrer des diplômes
nationaux reconnus par les conventions collectives qui sont donc des obstacles
à la baisse de la valeur de la force de travail de l’ensemble du prolétariat, à
commencer par celle de la jeunesse.
Fort de
sa victoire à l’élection présidentielle, Macron a décidé de s’y attaquer
ouvertement. Il a couplé la mise en place de cette sélection à une attaque
contre le bac et le lycée comme l’avait fait Chirac en 1986 avec les projets
Devaquet et Monory. Avec un seul et même objectif : faire le tri des
élèves dès la fin du collège pour réserver le droit aux études aux enfants de
la bourgeoisie et vouer les autres, principalement la jeunesse des couches
populaires, à être livrés avec l’apprentissage directement au patronat, sans
perspective de diplômes ni de qualifications certifiées. Avec pour avenir, la
précarité, le chômage et des petits boulots sous-payés.
La loi de sélection à
l’entrée du master
Pour
parvenir à ses fins, le gouvernement Macron-Philippe-Vidal s’est entouré d’un
maximum de garanties. Tout d’abord la voie avait été ouverte par le
gouvernement présidé par Hollande qui, avant sa défaite, avait promulgué une
loi de sélection à l’entrée en master et rendu légal le tirage au sort comme
moyen de sélection à l’entrée de la licence.
Les
dirigeants de l’UNEF et ceux du SNESup étaient allés jusqu’à signer un accord
avec le gouvernement qui lui avait servi de base à cette loi de sélection à
l’entrée en master. Ces dirigeants syndicaux justifiaient leur signature et le soutien
à la loi en arguant cyniquement qu’il ne s’agissait pas de sélection mais de
l’obtention d’un « droit à la
poursuite d’études » pour les détenteurs d’une licence. En réalité,
selon Le Monde, ce sont plusieurs
milliers d’étudiants qui n’ont pas obtenu une inscription dans le Master de
leur choix. Et un grand nombre d’entre eux, découragés, ont renoncé. Les autres
ont dû accepter un autre master que celui qu’ils avaient choisi et/ou rejoindre
une université très éloignée.
Des concertations de
septembre à l’adoption de la loi en 1ère lecture le 19 décembre
Les
dirigeants de l’UNEF, de la FSU et du SNESup avaient donc déjà donné des gages
sur le terrain de la sélection. Tous avaient directement ou indirectement
appelé à voter pour Macron sous couvert de combat « pour la
démocratie ». Macron savait parfaitement comment agir et il a procédé de
la même manière que pour les ordonnances destructrices du code du travail.
C’est
donc tambour battant que son gouvernement a mené 5 semaines d’intenses
négociations, au point que les dirigeants syndicaux se sont plaints du rythme.
Il n’empêche, les dirigeants du SNESup,
de l’UNEF et du SNES n’ont manqué aucun rendez-vous. Ils ont discuté
« orientation », « prérequis » « attendus » et
ont permis au gouvernement de préparer le projet de loi Vidal où le mot
sélection n’est jamais prononcé. Tous ont salué les « bonnes
intentions » du rapport Filâtre qui en est sorti.
Pourtant Macron, en digne représentant du
capital financier, avait clairement
donné le cadre de cette attaque frontale contre la jeunesse : « Nous ferons en sorte que l’on arrête de faire
croire à tout le monde que l’université est la solution pour tout le
monde », et pour lever
toute ambiguïté sur qui était visé, il précisait : « Aujourd’hui, quelqu’un qui vient d’une famille modeste, ou peu
qualifiée, même avec un baccalauréat, n’a pas assez de chances de réussir.
Voilà le drame que nous vivons ! ». Et ce serait donc par
« bienveillance » pour les jeunes de milieu modeste, que pour éviter
l’échec de certains, il veut interdire à tous d’entamer des études supérieures.
Quand le projet de loi
a été présenté, les dirigeants ont pleinement respecté le cadre des instances
de participation que sont les CSE et le CNESER, et peu importe l’avis
consultatif qu’ils ont pu y émettre, leur présence était essentielle pour le
gouvernement car cela lui permettait d’avancer au plus vite dans le processus
législatif.
Au bureau national de
la FSU le 9 novembre, seul le représentant du courant Front unique s’est prononcé pour le retrait du projet de loi de
sélection, tous les autres participants s’abstenant ou refusant de voter.
Cette volonté délibérée
de laisser les mains libres au gouvernement a permis à ce dernier de faire
adopter sans encombre son projet de loi le 19 décembre en 1ère
lecture à l’Assemblée nationale. Il faut souligner que le gouvernement a
recouru à la procédure accélérée pour tenter de prévenir tout mouvement de la
jeunesse. Celle-ci, tant étudiante que lycéenne, mais aussi les personnels des
facs et des lycées, délibérément tenus ignorants des enjeux de ce qui se
tramait contre eux, n’ont pu réagir à ce moment-là.
Dès le 12 décembre s’ouvre
une nouvelle étape
Dans ce
contexte, où l’adoption de la loi par le Parlement paraissait n’être qu’une
formalité, le gouvernement prépare le dispositif pour son application dès la
rentrée avec le remplacement de la plateforme d’affectation APB par ParcourSup.
Le 12
décembre, le ministère publie une liste des « attendus » nationaux
pour les différentes filières et somme les universités et leur CA (Conseil
d’administration) et CFVU (Conseil de formation et de vie universitaires) de
s’en inspirer pour établir localement les attendus de chacune de leur
formation. La liste des attendus est édifiante. De fait, aucun élève issu de L
ne pourra continuer ni en psycho, ni en STAPS. Quant aux élèves des bacs
technologiques et professionnels, les « attendus » font que quasiment
toutes les filières leur seront fermées.
Dans
certaines filières, les attendus exigés n’ont rien à voir avec les acquis
scolaires (possession d’un BAFA, stage de langue à l’étranger, élection au
Conseil de la vie lycéenne) mais supposent soit des moyens financiers que n’ont
pas tous les jeunes, soit d’avoir fait preuve d’un « engagement » au
service de la « bonne marche » de cette société.
Quand
les effets de cette loi commencent à être perçus, quelques AG se tiennent –
encore peu représentatives – à Toulouse, Marseille, mais surtout les
représentants du SNESup, qui participent à toutes les instances universitaires
et dans une moindre mesure ceux de l’UNEF, se retrouvent en première ligne pour
appliquer cette loi de sélection contre les étudiants. Le gouvernement ne leur
donne qu’à peine plus d’un mois pour
renseigner la nouvelle plateforme Parcoursup, avant que les lycéens ne
commencent à saisir leurs vœux le 22 janvier.
Le 14
décembre, la direction du SNESup publie ce modèle de motion qu’elle conseille
de faire adopter par les CA des universités : « Le CA s’inquiète également de la mise en œuvre précipitée du
« plan étudiant » du ministère, en dehors de tout cadre légal et
réglementaire valide à cette date. ». Point. Et de regimber contre le
manque de moyens des universités. Il ne s’agit nullement de s’inscrire dans un
combat pour le retrait du projet de loi mais de s’insurger contre l’application
d’une loi non encore votée et le manque de moyens pour l’appliquer. De son
côté, la direction de l’UNEF sort des communiqués a minima, celui contre les
attendus se conclut en s’en remettant aux députés (en majorité LREM !),
les invitant à « s'exprimer contre
ce projet de loi » !
Le 20
décembre, au lendemain du vote de la loi, la direction du SNESup durcit le ton
demandant le retrait de cette loi, réitère sa consigne de ne pas participer à l’application anticipée
et illégale d’un projet de loi et par conséquent de refuser de faire
remonter les « attendus » et les
« dispositifs de contingentement ». Elle appelle aussi à la
constitution d’une Coordination nationale de l’Education. Nous verrons plus
loin comment cette CNE a été un dispositif de contre-feu pour empêcher que se
constitue une véritable direction représentative des étudiants qui leur
permettent de contrôler et centraliser leur mobilisation pour combattre et
vaincre le gouvernement, à l’image de ce que les étudiants avaient réussi à
réaliser en 1986.
Nullement
inquiète, la ministre Vidal déclarait dans une
interview au soir du vote de sa loi le 19 décembre : «la concertation a permis de construire le Plan étudiants avec
l’ensemble des acteurs qui la mettront en place. C’est avec eux que je
travaille et c’est pourquoi je n’ai aucun doute sur leur capacité à y parvenir
dès la rentrée 2018 ». Soulignons que la plupart des « capacités
d’accueil » avaient déjà été définies dans le secret des délibérations des
CA, avec le silence complice des représentants syndicaux et ce dès octobre et
novembre.
Janvier-février, les
étudiants cherchent la voie du combat
Les
premières manifestations de résistance ont commencé à se faire jour chez les
enseignants. Dans plusieurs lycées, des réunions de profs avec une forte
participation se sont tenues contre la « réforme » du lycée. Dans
plusieurs départements des universités, les enseignants ont refusé de remplir
les « attendus » visant à définir localement les critères de sélection
(donc aussi d'exclusion) des lycéens et même parfois, avec les étudiants, ils
ont organisé le boycott des instances de mise en œuvre de la réforme.
C’est
dans ce contexte que s’est réunie la CNE convoquée par les appareils syndicaux.
Les résolutions finales étaient rédigées par eux et cette « CNE »
n’était en fait que le relai des journées d’action décidées par
« l’Interfédérale » qui se réunissait juste avant (réunion de tous
les dirigeants syndicaux de l’enseignement : CGT, FO, FSU - et ses syndicats :
SNES, SNESUP, SNEP -, UNEF, UNL. La résolution de la CNE du 27 janvier
stipulait explicitement qu’il n’y aurait pas de mandatement par les assemblées
générales. Lors de la 2e CNE, à l’assemblée qui cherchait à sortir
de ce carcan, le représentant de l’UNEF au nom de l’Interfédérale
répondait :
« Est-ce que oui ou non on veut imposer
quelque chose aux OS ou on veut leur laisser le temps de se réunir pour définir
les prochaines journées d’action ». Ce sont les appareils qui décident de qui prend la
parole et ce qui est soumis au vote. C’est ainsi que, ni la condamnation du
dialogue social proposée par les délégués de Montpellier, ni la perspective de
la manifestation à l’Assemblée nationale proposée par Grenoble, ne seront
soumises au vote de la CNE.
A
l’inverse, se pose la question de la constitution d’une véritable Conférence
nationale des délégués de facs et des responsables syndicaux. Les délégués
mandatés y disposant du plein droit de soumettre au vote les propositions sur
lesquelles ils sont mandatés. Une telle assemblée de délégués permettrait aux
étudiants de centraliser leur combat contre le gouvernement pour le vaincre et
obtenir l’abrogation de la loi ORE, et de contrôler eux-mêmes leur mouvement et
de mettre les syndicats à leur service.
Malgré l’adoption de la loi Vidal,
la jeunesse n’a peut-être pas dit son dernier mot
À la
veille des vacances scolaires d’hiver qui s’étalent durant 4 semaines, des AG
de près de 1000 étudiants se sont réunies à Toulouse et Montpellier. Qu’en
sera-t-il après ? Nul ne peut le prévoir ! Ce qui est sûr, c’est que
les conséquences de cette loi seraient considérables : sur les conditions
de travail des personnels (enseignants et non enseignants) mis en demeure
d’appliquer au pas de charge la sélection des étudiants. Quant aux jeunes bacheliers,
ce sont des milliers d’entre eux qui se retrouveraient sur le carreau à la
rentrée ou dans des formations qu’ils n’auront pas voulues. Suivraient d’autres
attaques déjà prévues (licence, acquis sociaux des étudiants, frais d’études…).
Toute
réelle mobilisation doit avoir pour objectif l’abrogation de la loi Vidal. Tout
combat sérieux doit imposer aux directions des syndicats de rompre avec le
gouvernement. Et déjà, contre l’application de la loi ORE, l’organisation du
boycott actif des instances universitaires en exigeant des directions
syndicales de l’ESR : « Aucune participation aux instances des
universités (CA, CSFCU en particulier), aucune participation aux instances qui
vont décider du tri des étudiants. Ne vous faites pas les exécuteurs de la réforme
et exigez son abrogation ! ».
Il ne
faut pas masquer la réalité : avec l’adoption définitive de la loi, la
situation est bien mal engagée. Seule une mobilisation importante, structurée
et centralisée de la jeunesse est susceptible de modifier cette situation.
2e
partie
Bac, lycée,
enseignement professionnel, apprentissage :
le gouvernement Macron-Philippe s’en prend aux jeunes et aux enseignants
Pour le gouvernement :
feu sur l’enseignement professionnel public. De la réforme de l’apprentissage…
Le 9
février, le Premier ministre, E. Philippe et la ministre du Travail, M.
Pénicaud, ont présenté les mesures de la contre-réforme de l’apprentissage. A
leurs côtés et en retrait, se tenaient les ministres J-M. Blanquer (Éducation
nationale) et F. Vidal (Enseignement supérieur et Recherche). C’est en conseil
des ministres, à la mi-avril, que devrait être présenté un projet de loi qui,
outre l’apprentissage, intégrera l’assurance-chômage et la formation
professionnelle.
Dès
l’automne, M. Pénicaud avait fixé l’ampleur de l’objectif du gouvernement dans
une interview donnée au JDD : « Notre
pays a besoin d'une transformation de la formation professionnelle et d'une
révolution copernicienne sur l'apprentissage » et : « Il ne s'agit pas de se limiter à une réformette,
d'ajuster un peu le Meccano : ce serait se tromper de combat ».
« Nous demandons aux entreprises de prendre en
charge une partie de la promesse républicaine de l’émancipation et l’éducation
dont l’Éducation nationale avait jusqu’alors le monopole. » Cette
phrase énoncée par le ministère du travail résume crûment l’objectif du
gouvernement au service du capitalisme : en finir avec l’Education
nationale et confier aux patrons « l’émancipation
et l’éducation de la jeunesse ».
Voici
les éléments les plus significatifs de ce projet sur l’apprentissage :
●
Des unités de formation par apprentissage créées dans tous les lycées
professionnels.
●
Les référentiels d’activité et de compétences des diplômes écrits par les
professionnels de branche (ils étaient auparavant seulement
« associés »).
●
Les règlements d’examen et les référentiels de formation co-décidés entre les
branches professionnelles et l’État.
●
La réglementation des conditions de travail revue afin de « faciliter l’intégration des jeunes apprentis
mineurs dans l’entreprise » (temps de travail maximum porté à 40
h/semaine dans le Bâtiment ou les Travaux publics, par exemple).
●
L’embauche d’apprentis tout au long de l’année « sera beaucoup moins contrainte par le rythme scolaire ».
Le
gouvernement prévoit la mise en place de classes préparatoires à
l’apprentissage principalement en CFA mais aussi en lycée professionnel. Ces
« prépas » (sic) pour des
jeunes issus des collèges auront pour fonction d’améliorer leur « savoir être », c’est-à-dire leur
soumission aux « codes de
l’entreprise ». Le rapport Brunet indique que la seule raison pour
laquelle il ne propose pas d’abaisser l’âge minimal d’entrée en apprentissage,
actuellement fixé à 16 ans, c’est pour des questions de « maturité et de savoir-être en entreprise des publics les plus jeunes ».
Comme indiqué
plu haut, le projet prévoit de s’en prendre une nouvelle fois aux conditions
protectrices dont bénéficient les jeunes de 15 à 18 ans. Celles-ci avaient déjà
été réduites sous les gouvernements présidés par Hollande (travaux difficiles
ou dangereux et manipulation de produits toxiques). Cette fois, le gouvernement
veut modifier le code du travail pour permettre à ces jeunes de travailler
jusqu’à 40 h par semaine (au lieu de 35 h maximum) dans les secteurs du
Bâtiment et des Travaux publics et supprimer les restrictions au travail de
nuit, en particulier dans le secteur de la Boulangerie.
Pour
juger de la satisfaction de la bourgeoisie devant ce projet, il n’y a qu’à
citer les titres de ses organes de presse : « Apprentissage : le gouvernement donne enfin la main aux
entreprises » (L’Opinion)
et : « Réforme de
l’apprentissage : le patronat applaudit » (Le Figaro).
Ces
mesures ont bien sûr été précédées par une « intense » concertation à
laquelle tous les responsables syndicaux ont participé...
Et si
depuis la publication de ce projet sur l’apprentissage, les représentants
syndicaux le critiquent, ils se gardent d’en exiger le retrait pur et simple et
donc n’offrent aucune perspective de combat pour obtenir gain de cause.
… à celle du lycée
professionnel
Ce
n’est pas un hasard, si la réforme de l’apprentissage a été présentée avant
celle de l’enseignement professionnel. Le développement généralisé de
l’apprentissage vise à accentuer la mainmise du patronat sur l’ensemble de la
formation professionnelle de la jeunesse et donc à porter des coups majeurs à
l’enseignement professionnel public assuré dans les lycées professionnels dans
lesquels des limites aux revendications patronales demeurent encore.
Le 22
février, était présenté le rapport Calvez-Marcon commandé par le gouvernement
pour entamer la contre-réforme du LP et des diplômes professionnels (CAP, BEP
et Bac pros). Tout, dans ce rapport, est destiné à privilégier l’apprentissage
et à conformer toute la formation professionnelle aux besoins étroits du patronat.
J-M. Blanquer a déclaré en ouverture de cette présentation : « Tous les acteurs de la voie professionnelle,
particulièrement les professeurs, doivent sentir un vent de renouveau. »
La co-secrétaire du SNUEP, S. Gérardin a raison de dire que « c’est plutôt un avis de tempête »
et d’indiquer qu’elle voit dans ce rapport « une soumission du lycée professionnel à la promotion de l’apprentissage ».
Elle indique aussi que la mise en place d’une « seconde
indifférenciée » en LP, en ferait « une
sorte de sas préparant ces jeunes à l’entreprise. On est déjà passé du bac pro
en 4 ans à celui en 3 ans et là on déprofessionnalise encore plus. On passe
carrément au bac en 2 ans. »
L’attaque
contre les diplômes est assumée dans ce rapport avec les préconisations suivantes :
« Réduire le nombre de spécialités de
formations offertes et les regrouper au sein de familles de métiers. Associer
davantage de professionnels à l’élaboration des référentiels et former
l’ensemble des acteurs qui interviennent dans le processus. Systématiser
l’approche par blocs de compétences. Prévoir dans les référentiels la
possibilité d’une adaptation territoriale ou sectorielle des diplômes
professionnels. Substituer à la certification du diplôme intermédiaire un
dispositif destiné à délivrer des attestations d’acquisition de blocs de
compétences en cours de formation. »
On le
voit une attaque en règle contre les diplômes auxquels se substitueraient les
« blocs de compétences ».
La
partie de la jeunesse qui aspire à bénéficier d’une véritable formation
professionnelle provient en grande partie des milieux populaires. Ces jeunes
veulent obtenir des diplômes dont la valeur est certifiée et reconnue dans les
conventions collectives. Le bac professionnel a été dévalorisé par la
diminution d’un quart des enseignements quand le gouvernement Sarkozy-Fillon a
fait passer sa préparation de 4 à 3 ans. Les bacheliers professionnels qui
souhaitent poursuivre des études supérieures sont écartés des IUT et des
sections techniques supérieures. Et maintenant, avec la loi Vidal, il leur
serait interdit d’accéder à l’université. Le gouvernement ne leur offre qu’un
avenir : être livrés dès leur plus jeune âge au patronat.
La
seule réponse à apporter à ces projets, c’est l’exigence de leur retrait pur et
simple. C’est de la responsabilité des directions des syndicats de se prononcer
pour cette exigence et de cesser toute concertation avec le gouvernement sur
ses projets.
Réforme du bac et du
Lycée : « Macron lance son big bang de l’éducation » (Les Échos).
Le bac attaqué par tous les bouts…
Ce
n’est pas un hasard si le gouvernement a besoin de deux projets pour en finir
avec le bac et ce qu’il signifie. Le bac recèle tout ce que la bourgeoisie veut
faire disparaître.
Jusqu’à
présent, l’obtention du bac attestait que les enseignements dispensés au lycée
étaient suffisamment maîtrisés par son détenteur pour qu’il ait le droit
d’entamer des études supérieures. Cette attestation était validée par un jury
présidé par un enseignant du supérieur. C’est pourquoi le bac était le 1er
grade de l’enseignement supérieur. C’est cet aspect du bac qui est remis en
cause par la loi de sélection puisque le bac n’est plus suffisant pour avoir
accès à la filière de son choix, et pour de très nombreux bacheliers de milieu
populaire, de fait, à toute filière.
Mais le
bac a aussi une valeur certifiant d’un niveau d’étude permettant de passer
certains concours de la Fonction publique ou de postuler à certains emplois où
ce niveau est requis. Ce niveau a un caractère universel car le bac est un
examen national (les épreuves sont identiques pour tous les lycéens d’une même
série) et anonyme (les lycéens ne peuvent être ni avantagés ni désavantagés,
les professeurs ne corrigent pas leurs élèves).
C’est
tout cela que le gouvernement veut remettre en cause au travers du projet de
loi adopté le 14 février en conseil des ministres et que Blanquer a présenté
publiquement ce jour-là.
Une
part de contrôle continu interviendrait pour l’obtention du bac et remettrait
en partie en cause le caractère anonyme du bac. Une partie des épreuves se
passerait au sein de l’établissement des élèves sous forme de partiels. Au
total, c’est 40 % de la note finale qui relèverait de l’établissement ou de la
classe (10 % pour le livret scolaire et 30 % pour les partiels dans le
lycée), ce qui remettrait en cause le caractère national du bac. Serait
institué un grand oral non strictement disciplinaire avec dans le jury un non
enseignant…
… pour saccager le lycée
Selon
AEF, lors de la présentation du rapport préparant la réforme de l’enseignement
professionnel, J-M. Blanquer aurait déclaré : « pour les voies générale et technologique, l’entrée de la réforme est le
bac pour ensuite faire évoluer le lycée. » Le bac est donc le moyen
pour s’en prendre au lycée et aux enseignants.
Le 15
février, au lendemain de la présentation du projet de réforme du bac et du
lycée, le journal patronal Les Echos
titre en gros : « Macron lance
son big bang de l’éducation ». L’éditorial est titré « L’école libre (sic) » et sous-titré
« Les lycéens vont construire leur
parcours. Aux enseignants de s’adapter. » J-F. Pécresse,
l’éditorialiste, affiche une ostensible satisfaction et n’est pas avare de
compliments. Pour en juger, en voici des extraits :
« Des
murs vont enfin tomber dans l'Éducation nationale. Annoncée mercredi par le
ministre Jean-Michel Blanquer, l'ambitieuse réforme du baccalauréat et de
l'enseignement dans le second degré suppose, en effet, une vague d'assouplissements sans précédent des règles rigides qui
nuisent à l'efficacité de notre système éducatif. (…) Mais les effets de cette réforme seront
nécessairement plus profonds, pour les enseignants et les établissements, comme
pour les élèves. Puisque ceux-ci vont
désormais pouvoir construire leur parcours de première et de terminale, c'est
la demande d'enseignement qui va déterminer l'offre des enseignants, donc leur
volume horaire. Un renversement complet du modèle actuel, dont on n'a pas fini
de mesurer les conséquences. Temps de travail des professeurs,
pluridisciplinarité, nombre d'élèves par classe, organisation des
établissements : c'est un vaste maelström qui se prépare dans l'Éducation
nationale. Car, même si Jean-Michel Blanquer semble avoir renoncé à
organiser l'année du second degré en semestres, il est hautement probable que
le découpage en semaines ne permette pas de constituer des emplois du temps
combinant matières de tronc commun et spécialités. Alors, c'est l'annualisation du temps de travail des enseignants, sujet
tabou depuis 1950, qui a enfin une chance d'être inscrite au tableau. Faute
d'enseignants suffisants pour répondre à la demande, notamment dans les
nouvelles disciplines voulues par le ministre de l'Éducation nationale, c'est
la question de la bivalence des professeurs qui va devoir être posée, autrement
dit leur capacité à enseigner deux matières. Enfin, puisque tous les lycées
ne pourront pas assurer l'intégralité de l'offre nouvelle, l'État risque fort
de devoir regrouper plusieurs établissements en « petites universités » dans
lesquelles les lycéens devront se rendre pour suivre différents cours. C'est un
immense chantier qu'ouvre Jean-Michel Blanquer, celui d'une école plus libre
qu'aujourd'hui. Le soutien de l'opinion lui est pour le moment acquis, ce ne
sera pas de trop pour affronter les résistances syndicales. »
Tous
les objectifs de la réforme du lycée et du bac sont présentés crûment et avec
gourmandise par une plume au service de la bourgeoisie : annualisation du
temps de travail, remise en cause des disciplines, bivalence et même
polyvalence des enseignants, remplacements effectués par les enseignants…
« Réformes du lycée, du
bac et du post-bac : la Blitzkrieg ! » (SNES – 18 janvier)
Tel est
le titre d’un document publié par la direction du SNES, principal syndicat
d’enseignants. La première phrase conforte cette formulation : « Le gouvernement a adopté la stratégie de la
guerre éclair sur tous les fronts y compris dans le domaine éducatif. »
Nous ne pouvons que partager cette caractérisation de la guerre que mène le
gouvernement dans tous les domaines, en particulier contre l’enseignement
public et le droit aux études.
Mais
force est de constater que la direction du SNES a accepté de s’inscrire
totalement dans le dispositif du gouvernement. Ses représentants, comme ceux
des autres syndicats, ont participé à toutes les concertations qui ont abouti
au rapport Mathiot, préparant la réforme bac-lycée. Et tous, sur la base de ce
rapport, ont accepté de discuter du projet du gouvernement jusqu’à
l’avant-veille de sa présentation. Et s’ils ont aidé le gouvernement à procéder
à quelques modifications cosmétiques, l’éditorial des Echos cité plus haut prouve que le gouvernement n’a en rien renoncé
à ses objectifs.
Pour
celui-ci, l’application progressive de sa contre-réforme sur une durée de 3 ans
fait partie de sa stratégie pour tenter de prévenir les résistances. En
substituant aux disciplines des regroupements flous (« nouvelles
spécialités »), il veut diviser les enseignants selon leur discipline. Il
se sert de la contre-réforme du bac comme d’un levier pour remettre en cause
toute l’organisation du lycée. Et c’est en provoquant ce bouleversement
structurel qu’il veut avancer vers la liquidation des statuts des enseignants.
Par la
diminution des horaires d’enseignement, par la suppression de disciplines dans
certains établissements, par le développement de la polyvalence qui permet le
remplacement des professeurs absents avec les moyens de l’établissement, c’est
la pulvérisation des acquis enseignants qui est visée. L’objectif, c’est de
réduire le nombre d’enseignants du secondaire, comme en témoigne le budget
adopté à l’automne qui a supprimé 2600 postes de stagiaires. Il y aura moins de
profs à la rentrée et les postes pour les concours enseignants ont été diminués
de 20% en moyenne.
Mais le
gouvernement a besoin de s’en prendre aux enseignants parce qu’au sein des
fonctionnaires, ils forment et de loin les plus gros bataillons. Leur porter
des coups, s’en prendre à leurs statuts, c’est pour la bourgeoisie tant un
objectif politique qu’économique.
Il faut
ajouter que dans la volonté de formater la jeunesse, les corps enseignants sont
des obstacles à l’entrée des militaires, des flics, des forces cléricales et
des patrons dans les écoles publiques. Une raison de plus pour le gouvernement
de s’en prendre aux enseignants.
Combattre pour le front uni
des syndicats pour le retrait de la réforme bac-lycée
Une
chose est certaine : les profs ne sont pas dupes des objectifs du projet
gouvernemental. Là où des réunions d’informations syndicales se sont tenues,
elles ont connu une grande affluence. « Pour le retrait du projet de réforme. Pour la rupture de la
concertation », des motions ou des pétitions en ce sens ont recueilli
un assentiment quasi-unanime là où elles ont été présentées (à lire dans la
rubrique « Les militants
interviennent »).
La loi
de sélection à l’université a été adoptée et nous avons indiqué plus haut que
cela rendait le combat extrêmement difficile et que seule la mobilisation de la
jeunesse pouvait modifier la situation.
Pour le
projet de réforme du bac-lycée, même si le gouvernement a bien engagé les
choses, on n’est pas encore à leur terme.
Le
SNES, principal syndicat d’enseignants, assume une responsabilité particulière
face aux attaques dévastatrices du gouvernement. Il s’est beaucoup affaibli ces
dernières années. En particulier lorsque sa direction a aidé les gouvernements
présidés par Hollande à abroger les décrets de 1950 définissant les obligations
de service des enseignants. Lors des élections professionnelles qui ont suivi,
le SNES a perdu 4% de représentativité, ce qui est considérable. Puis il a
participé jusqu’au bout à la concertation sur la réforme du collège qui a
permis au gouvernement de la décréter. A cause de la politique de ses
dirigeants, le SNES a perdu des milliers de syndiqués.
Pour la
réforme du bac et du lycée, les dirigeants du SNES, conjuguent une relative
condamnation du projet gouvernemental à une participation systématique au
dispositif de concertation qui est une arme essentielle du gouvernement pour
parvenir à ses fins.
Le SNES
tient son congrès national en mars et en ce moment ont lieu les congrès
académiques préparatoires. L’aspiration des enseignants à engager le combat en
défense du bac, du lycée, des disciplines et des statuts doit s’exprimer dans
toutes les circonstances et dans ces congrès. Les enseignants condamnent le
projet. Mais pour en obtenir le retrait, il est indispensable que se réalise le
front uni des syndicats enseignants contre ce projet.
Les
militants du Groupe pour la construction du Parti ouvrier révolutionnaire et de
l’Internationale ouvrière révolutionnaire combattent dans le secondaire sur
l’orientation suivante :
Avec son projet de réforme du bac et du
lycée, le gouvernement a déclaré la guerre à l’enseignement public, aux
enseignants et aux lycéens.
Dirigeants du SNES, prononcez-vous clairement
pour le retrait pur et simple du projet de réforme du bac et du lycée et
réalisez le front uni des syndicats enseignants sur ce mot d’ordre !
Rompez les concertations avec le gouvernement
qui lui sont si nécessaires pour porter ses coups !
Assez des « journées d’action »
bidon comme celle du 6 février !
Organisez une assemblée générale centrale à
Paris des délégués des établissements scolaires, pour que les enseignants avec
leurs syndicats, puissent organiser leur combat pour la sauvegarde du bac, du
lycée, des disciplines et des statuts enseignants.
Le 24 février 2018
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