« Combattre pour le socialisme » n°56 nouvelle série (n°138) – 19 février 2015 :
À bas l’Union nationale ! |
Unions nationales d’hier et
d’aujourd’hui
« À
bas l’“union sacrée” des ouvriers et des capitalistes dans tous les pays, car
cette « union » a condamné et condamne l’humanité aux horreurs d’une
guerre impérialiste de brigandage faite dans l’intérêt des capitalistes ! ».
Ainsi
concluait Lénine en avril 1917 en réponse à l’ «accusation » selon
laquelle les bolcheviks travaillaient pour le gouvernement de Guillaume II. La
situation n’est pas la même en 2015 et en 1917. En 1917, les champs de bataille
et les charniers couvraient toute l’Europe. Les guerres impérialistes restent
aujourd’hui, si l’on peut dire « localisées » : en Afrique, au
Moyen-Orient et même à l’est de l’Europe, en Ukraine. Mais hier comme aujourd’hui,
l’» union sacrée » demeure au service de la même cause : celle
de la guerre impérialiste. Confirmation en a été donnée par Le Drian en
personne, ministre de la défense, qui a ouvertement défini le contenu politique
du 11 janvier comme un soutien aux interventions militaires de l’impérialisme
français : « Il y a un lien
entre le 11 janvier 2015 et le 11 janvier 2013 […] Le 11 janvier 2013, c’était
le début de l’opération au Mali. C’est le même ennemi. La menace intérieure et
la menace extérieure ne font qu’un ».
Et
voilà pourquoi, au-delà des différences de situation, cette formule de Lénine,
ce mot d’ordre de Lénine sont les nôtres.
Le 11
janvier a vu les dirigeants du PS, du PCF, de la CGT, de FO, de la FSU se
ranger derrière le gotha de la réaction mondiale qui flanquait Hollande et
Valls, les dirigeants de toutes les puissances impérialistes, ceux de l’Union
européenne (Merkel, Cameron, Rajoy), la brochette des égorgeurs des peuples,
les Netanyahou, Sissi, Bongo. Elle faisait suite aux attentats djihadistes des
5 et 7 janvier (voir le communiqué de notre Groupe dans ce numéro).
Le 13
janvier, après une Marseillaise unanime
qui n’avait pas résonné au Palais-Bourbon depuis 1918, les députés adoptaient à
l’unanimité moins un député UMP – avec l’abstention des députés du PCF,
abstention pas moins infâme que le vote favorable des députés PS,
« frondeurs » compris - le renforcement de l’intervention militaire
française en Irak. Le porte-avions “Charles-de-Gaulle” était envoyé aux abords
de ses côtes. Les annulations de postes dans l’armée étaient pour une bonne
part elles-mêmes annulées. 1400 postes étaient créés dans la police.
La
manifestation du 11 janvier avait été convoquée sous la bannière de la « liberté d’expression ». Elle
n’a pas tardé à se révéler pour ce qu’elle était : à savoir le contraire
de ce qu’elle prétendait être, un formidable levier pour interdire la liberté
d’expression. Le sommet de l’ignominie était atteint par la ministre de
l’Éducation nationale, Vallaud‑Belkhacem. Cette dernière répondait à
l’Assemblée nationale au sinistre Goasgen, député UMP, applaudisseur frénétique
de tous les massacres opérés par l’État d’Israël contre le peuple palestinien,
militant de toujours pour la pénalisation de l’antisionisme.Abondant
dans le sens de ce dernier qui réclamait des sanctions contre tous ceux qui
avaient refusé dans les établissements scolaires de participer au grand frisson
sacré de la minute de silence, elle annonçait des sanctions, pas seulement
lorsqu’il y avait « apologie du
terrorisme », mais lorsqu’avaient été posées des « questions insupportables ». Parmi ces « questions insupportables » ,
elle en citait une entre autres : « N’y
a-t-il pas deux poids deux mesures » ?
En
effet, n’y a-t-il pas deux poids, deux mesures quand on se rappelle que
Hollande, grand pourfendeur de la barbarie contre les dessinateurs de Charlie Hebdo, avait applaudi aux
massacres de Gaza cet été, déclarant que c’était « le droit d’Israël de se défendre », allant jusqu’à interdire
des manifestations contre les massacres à Gaza et à faire inculper un de ses
organisateurs ?
On lira
avec attention dans ce même numéro l’article consacré à l’Enseignement. Qu’il nous
suffise ici de dire ce qu’il en est des « défenseurs
de la liberté d’expression » qui sont au gouvernement : 4 mois de
suspension pour un professeur de philosophie de Poitiers accusé d’avoir invité
les élèves à réfléchir sur « les
causes du terrorisme » ; des gosses de 8, 9 ans interrogés dans
les commissariats de police, pour ne pas avoir respecté la minute de silence,
et dans certains cas, leurs parents poursuivis pour avoir protesté ! Et
pendant ce temps, l’éditorial du SNES – le journal du syndicat censé défendre l’enseignant
de Poitiers titrait son éditorial : « Toujours Charlie ! ». Ce qui, nonobstant le fait
que les responsables syndicaux locaux ne peuvent faire moins que protester
contre la sanction, signifiait : « Vous pouvez cogner ! ».
Cogner ?
C’est ce que font les flics à Calais contre les immigrés syriens, afghans,
érythréens et autres qui cherchent désespérément à passer en Angleterre et, en
attendant, vivent dans des conditions ignobles de froid, de crasse, de
sous-alimentation : des dizaines de cas de brutalité allant jusqu’à des
fractures de membres. Et lorsque les associations de défense des immigrés s’en
plaignent publiquement au ministre Cazeneuve, celui-ci s’indigne : « Les faits ne sont pas avérés. Et ils
peuvent toujours porter plainte... à la police ».
Valls
parle, selon Le Monde du 14
janvier, d’un « esprit du 11 Janvier ».
C’est sans doute cet « esprit du
11 Janvier » qui a conduit, depuis ladite date, à des dizaines de
condamnations pénales à des peines allant jusqu’à des années de prison fermes « pour apologie du terrorisme »
- le plus souvent suite à une simple altercation avec la police. C’est cet « esprit du 11 Janvier » qui a
conduit à la multiplication depuis cette date des agressions anti-arabes
(davantage en quelques jours que durant toute l’année 2014). On voit quel sens
précis il faut donner à la déclaration du même Valls à l’Assemblée : « Nous sommes en guerre ». C’est
vrai. Et on sait contre qui.
L’ «esprit du 11 Janvier » plane sur la discussion parlementaire
de la loi Macron
L’« esprit du 11 Janvier » est
partout. Il est aussi et d’abord à l’Assemblée nationale. Car dès le 12
janvier, à l’Assemblée, il n’y a pas relâche. L’offensive anti-ouvrière ne
saurait connaître de trêve sous prétexte des événements. C’est tout le
contraire. L’Union nationale doit permettre d’accélérer l’offensive. À l’ordre
du jour, ouverture de la discussion sur la loi Macron. Le Monde raconte :
« La tonalité des débats, en ce premier
jour de réunion de la commission spéciale, est loin d’être à l’affrontement.
Probablement la gravité du moment y contribue-t-elle, mais pas seulement. “On n’était pas sur les
articles les plus difficiles mais ça n’empêche pas de constater que nous sommes
dans un climat très constructif”,
reconnaît Jean Frédéric Poisson, porte-parole des membres de l’UMP de la
commission »
L’« esprit du 11 Janvier », « mais pas seulement ». En
effet ! Il y a aussi le contenu de la loi Macron qu’en conscience – si on
peut dire – l’UMP ne peut qu’approuver. De cette loi Macron, Hollande a fait
une étrange apologie : « Ce n’est
pas la loi du siècle ». Il a ses raisons. Mieux vaut la banaliser le
plus possible. Autrement dit, mieux vaut en masquer le contenu : à savoir
une attaque qualitativement supérieure à tout ce qui précède contre ce qui
reste d’acquis du prolétariat.
Gérard
Filoche, membre du Bureau national du PS – et dont on se gardera bien d’endosser
toutes les positions politiques, en particulier son récent appel (lui aussi) à
la manifestation du 11 janvier, a une autre appréciation. Il caractérise cette
loi comme « le recul le plus
spectaculaire du droit du travail depuis le Conseil national de la Résistance »,
autrement dit depuis les conquêtes qui ont suivi la seconde guerre
mondiale, conquêtes qui étaient le sous-produit de la mobilisation
révolutionnaire des masses, consécutive à la Libération. Et il détaille
pourquoi :
-
extension du travail du dimanche, derrière laquelle il faut voir la volonté de « casser la semaine de travail et la
durée légale du travail ». Par ailleurs, la prétendue augmentation du
salaire horaire du travail du dimanche est une escroquerie puisque celle-ci est
soumise à « négociation avec les
partenaires sociaux » donc au bon vouloir patronal ;
- jusqu’à
minuit, le travail n’est plus considéré comme travail de nuit mais rebaptisé « travail
de soirée »;
-
facilitation des licenciements en cas de « plan social » . Le
patron décide à sa guise de qui il licencie en fonction du seul impératif du
profit. Les « maisons-mères » sont dispensées de l’obligation de
financer les « plans sociaux » dans les filières ;
- fin
de l’élection des conseillers prud’homaux ;
-
transformation des amendes pénales en amendes administratives pour les patrons,
remise en cause des prérogatives des inspecteurs du travail au profit d’arrangements
entre les directeurs du travail (hauts fonctionnaires) et les patrons ;
-
remise en cause des prérogatives de la médecine du travail : visites moins
fréquentes, qui pourront, dans certains cas être effectuées par d’autres
professionnels (qui seront plus aisément sous influence patronale) ;
-
possibilité élargie d’ouvertures de lignes de bus privées entre villes, ce qui
consiste à organiser une concurrence à bas prix par rapport à la SNCF (comme le
gouvernement l’a déjà fait pour le fret), dans le but évident de fermer des
lignes et d’exercer une pression supplémentaire dans le sens de la liquidation
du statut cheminot.
Mais si
graves que soient déjà ces attaques, le clou de la loi Macron est sans doute
ailleurs, dans l’amendement de l’article 2064 du Code civil. Jusqu’ici, la
relation patron-salarié faisait exception à la règle qui régit les contrats
privés entre personnes. Ces derniers contrats stipulent les obligations des uns
et des autres et interdisent pour le temps que dure le contrat tout appel à la
justice tant que les termes librement négociés entre les deux parties sont
respectés. À l’inverse le contrat de travail, contrat de subordination du
salarié à l’employeur, impliquait jusqu’à présent que cette subordination était
nécessairement encadrée par le Code du travail, limite légale à l’exploitation,
quand bien même le salarié – du fait d’une situation de détresse particulière –
se déclarerait prêt à renoncer aux garanties qu’il offre.
C’est
précisément ce statut d’« exception » du contrat de travail qui disparaît,
permettant au patron et au salarié de décider d’un commun accord, « librement »,
que, dans ce cas, le Code du travail n’est plus opposable. Cela veut dire que
le « Code du travail » devient optionnel. C’est la mort de celui-ci,
le retour au « contrat de gré à gré », à la loi Le Chapelier qui, en
1791, au compte de la bourgeoisie et contre le prolétariat en plein essor,
interdisait à la fois les coalitions ouvrières et les droits et conventions
collectives pour les travailleurs. C’est donc peu dire avec Filoche qu’il s’agit
du recul le plus spectaculaire du droit
du travail depuis le Conseil national de la Résistance ».
Dirigeants CGT et FO ne font
même pas mine de combattre la loi Macron
Force
est de le constater : les dirigeants CGT et FO n’ont pas même fait mine
(on peut déjà employer le passé) de combattre cette loi.
Il faut
commencer par évoquer la suppression de l’amendement sur “le secret des
affaires”, finalement retiré de la loi, qui permettait d’inculper quiconque
était accusé d’avoir divulgué des informations sur l’entreprise au nom de la
lutte contre “l’espionnage industriel”. À ce propos, la confédération CGT s’est
fendue d’un bref communiqué, qui commence ainsi : « Suite à une forte mobilisation des journalistes et des citoyens,
l’amendement qui devait introduire la notion de ‘‘secret des affaires’’ dans la
loi Macron a été retiré à la demande du gouvernement, ce 30 janvier. Dans un
communiqué du 1er février, le SNJ CGT se
réjouit du retrait d’un amendement qu’il a qualifié de liberticide… »
Tout
est pesé dans ce court texte :
1°) Il
est bien souligné que les travailleurs – et donc la confédération – ne sont
pour rien dans le retrait de cet amendement, qualifié pourtant de ‘‘liberticide”.
Alors que non seulement le mouvement ouvrier doit être à la pointe du combat
pour la défense des libertés démocratiques, mais encore que cette loi aurait
représenté un formidable moyen d’imposer le silence à tout syndicaliste et,
plus généralement, à tout travailleur, sous peine de 3 ans de prison et 375000
euros d’amende (le tout double, en cas d’» atteinte
aux intérêts économiques essentiels de la France »).
2°)
Message implicite aux patrons, au gouvernement : la direction de la CGT,
quant à elle, continuera à pratiquer la « confidentialité »,
nécessaire au « bon fonctionnement » des organismes de participation
(conseils d’administration…).
Sur la
loi elle-même, le 26 janvier, la direction de la CGT a publié un communiqué
dont voici le début :
« Ce lundi, jour de l’ouverture du débat
parlementaire sur le projet de loi Macron, des milliers de salariés de
retraités et de privés d’emplois se sont rassemblés et ont manifesté leur
hostilité à ce projet de loi, incarnant déréglementation du travail, les
attaques contre la prud’homie, privatisation, diminution des protections et des
garanties collectives des salariés au profit du patronat et de la
libéralisation du travail. Depuis plusieurs jours sur tout le territoire, de
nombreuses initiatives (manifestations, rassemblement, dépôt de motion,
interpellation des députés, pétition…) ont eu lieu. Dans plusieurs
départements, ces initiatives, souvent unitaires avec FO, Solidaires et FSU ont
convergé vers les préfectures, les chambres de commerce et d’industrie et les
permanences des élus parlementaires. »
Ainsi,
la direction de la CGT a opposé à la nécessaire centralisation du combat pour
le retrait de la loi Macron dans une manifestation nationale à l’Assemblée
nationale pour imposer à la majorité PS-PCF, la poussière des initiatives
disloquées “vers les préfectures, les
chambres de commerce et d’industrie et les permanences des élus
parlementaires.”. Tout travailleur sait bien que ce genre d’‘‘initiative”
ne peut aboutir à rien d’autre qu’à entériner la loi.
Il sait
en particulier ce qu’il faut penser de la “délégation à la permanence des élus”
(toutes tendances confondues), puisque c’est cette tactique qui a déjà été mise
en œuvre sur la loi flexibilité (dite ANI) du gouvernement avec le succès que l’on
sait. Car ce n’est certes pas par une discussion policée entre gens de bonne
compagnie que la loi peut être retirée. La nouvelle manifestation de veulerie
des prétendus “frondeurs” du PS, qui après avoir menacé de refuser de voter la
loi s’adressent aujourd’hui respectueusement à Hollande, le montre encore :
“En retirant de la loi ses dispositions
les plus contestables – et en gardant quelles autres ?, ndlr - l’exécutif saurait faire de cette année 2015
le point de départ d’une relance réussie du quinquennat”. Il faut en
conclure que le combat effectif pour le retrait de la loi supposerait l’irruption
massive du prolétariat sur son propre terrain de classe, allant saisir la
majorité à l’Assemblée pour la contraindre à refuser de la voter. Mais de cela,
ni la direction Lepaon, ni la direction Martinez – que la presse complaisante
affecte de croire “plus dure” -, ne veut entendre parler.
Pour Mailly, dirigeant FO,
le salut passe par le dialogue avec l’UMP
« Le
sursaut républicain du dimanche 11 janvier appelle des décisions et des
orientations qui ne peuvent être uniquement, même si elles sont nécessaires,
des réponses en termes de sécurité et de justice. »
Dans
son interview à France 2 du 28 janvier, Mailly prend sa place pleine et entière
dans l’union nationale, y compris le soutien aux mesures sécuritaires du
gouvernement. Et d’ailleurs lorsqu’il évoque la loi Macron, ce n’est jamais du
point de vue des intérêts ouvriers, mais toujours du point de vue de l’‘‘intérêt
national”. Il ne s’agit pas de combattre pour le retrait de la loi Macron, dont
la “critique” est plus que limitée (« loi
fourre-tout, avec une logique de fond qui est une logique libérale »),
mais pour une « autre politique
économique... », dont il prétend d’ailleurs qu’elle serait davantage
favorable aux entreprises, c’est-à-dire aux patrons. « Il y a un problème d’orientation économique en France... Il faut
rebooster l’économie, redonner confiance (ndlr à qui ?), savoir où l’on va... Quand vous avez une
croissance très faible » , « un pouvoir d’achat qui est en berne,
quand beaucoup d’entreprises (ndlr : voilà ; on sait à qui !) vous disent qu’elles ont des problèmes de
demande (...), on a un chômage qui malheureusement augmente », déplore
Mailly.
Passons
sur l’éternelle baliverne qui consiste à expliquer aux patrons qu’ils ont
intérêt à augmenter les salaires, donc à diminuer leur propre profit ! Le
fait est que Mailly se soucie d’abord du carnet de commandes des entreprises,
prétendant au fond que patrons et ouvriers sont ensemble victimes du « problème d’orientation économique ».
En somme, et au bout du compte, les intérêts des uns et des autres coïncident.
Ce n’est donc pas une surprise de voir Mailly se féliciter, au sujet de la loi
Macron, d’être reçu… par le groupe UMP, dont le seul rôle au Parlement est de
pousser le gouvernement à aller plus avant, plus brutalement contre les
intérêts ouvriers « On a demandé à
être reçus par les groupes » à l’Assemblée nationale, a-t-il signalé. « L’UMP nous a reçus, mais pas le groupe socialiste. ». Inutile
d’en dire plus....
La collaboration des
dirigeants syndicaux à la remise en cause des délégués du personnel
CPS n° 55 avait indiqué l’objectif de la concertation
sur le “dialogue social” dans l’entreprise et les “seuils sociaux”. Le MEDEF s’était
saisi de la proposition de Rebsamen, ministre du travail, qui affirmait
clairement l’objectif : faire sauter les “seuils sociaux” qui instituent
le droit des travailleurs d’élire leurs délégués du personnel à partir de 11
salariés. Il était allé plus loin, non seulement en reprenant cette proposition
à son compte, mais encore en préconisant la fusion de toutes les instances (DP,
CE, CHSCT) en un seul “conseil d’entreprise”. Le délégué syndical – qui dans le
cadre actuel est nommé par le syndicat d’une organisation nationalement
“représentative” - devait désormais, selon ces propositions, faire partie des
élus du Conseil d’entreprise (ce qui faisait disparaître de nombreux délégués
syndicaux de syndicats minoritaires).
CPS 55 avait aussi indiqué le fait que les appareils
syndicaux – CGT et FO – avaient d’ores et déjà accepté la suppression des DP
dans les entreprises de 11 à 50 salariés et concluait : « En prenant en charge l’éviction des
délégués du personnel des entreprises, les appareils CGT et FO font œuvre de
haute trahison : ils désarment la classe ouvrière dans l’entreprise au
moment où le patronat et le gouvernement par la voix du banquier Macron,
livrent bataille pour faire des négociations au niveau de chaque entreprise le
cheval de Troie pour laminer les acquis ouvriers, en particulier la durée
légale du temps de travail. »
Mais,
dira-t-on, la “négociation” a finalement échoué et il n’y a pas eu accord.
Pourtant, tout était réglé. La CGT et FO, après avoir fait leurs
“propositions”, ne signaient pas, laissant CFDT, CFTC et CGC signer, permettant
de valider l’accord (puisque les trois font plus de 50% des voix). Et voilà qu’au
dernier moment, pressés par plusieurs milliers de signatures contre l’accord,
les représentants de la CGC font volte-face et renoncent à signer.
Du coup
dirigeants CGT et FO se félicitent bruyamment. Mais le gouvernement et le MEDEF
ne sauraient renoncer. Signature ou pas, ils peuvent s’appuyer à fond sur le
fait que les mêmes dirigeants leur ont fourni abondance de munitions pour
porter un coup aux droits syndicaux. Rebsamen a d’ailleurs annoncé
immédiatement après l’“échec” de la concertation MEDEF-directions syndicales la
relance de la dite concertation sous la houlette du gouvernement. Cela tombe
bien : les dirigeants syndicaux ne voulaient plus se réunir au local du
MEDEF mais “en terrain neutre”. Le but est de négocier un “projet de loi” qui,
d’une manière ou d’une autre, reprendra tout ou partie des exigences du MEDEF.
Ce n’est donc que partie remise.
Les syndicats demeurent un
enjeu de première importance de la lutte des classes
La
politique des directions syndicales suscite cependant des résistances au sein
même des organisations. À travers l’épisode qui a abouti au départ de Lepaon,
on a vu de nombreuses prises de position qui, loin de se situer sur le terrain
vermoulu des règlements de compte au sein de l’appareil, reliaient le combat
contre les mœurs corrompues du sommet et l’orientation de la direction CGT, en
particulier sur la question des “seuils sociaux”. On lira avec attention parmi
les contributions militantes dans ce numéro l’intervention d’un délégué
syndical CGT à l’Assemblée des syndicats CGT du Puy-de-Dôme et l’écho
incontestable recueilli. C’est bien pourquoi les intérêts généraux de l’appareil
exigeaient que soit mis fin au “désordre” au sommet qui libérait dans une
certaine mesure la parole des militants. Ce qui vient d’être fait avec la
nomination de Martinez comme secrétaire général, et de son équipe, après des
semaines de guérilla interne.
Au
moment où ces lignes sont écrites se tient le congrès national confédéral FO.
Même dans le cadre de ce congrès, où comme à la CGT, le filtre fonctionne pour
que les voix discordantes soient écartées, il est possible que parvienne un
écho assourdi de l’interrogation de militants sur le soutien de Mailly à l’union
nationale et au dialogue social. C’est en tout cas ce que laisse entendre le
compte-rendu du premier jour de congrès par le journal Le Monde:
« C’est devant une salle peu attentive
que Serge Gentili, un militant FO d’Aéroports de Paris, a recouru à des accents
révolutionnaires lors du 23e congrès de Force ouvrière.
“ Il faut que notre confédération se radicalise contre le capitalisme,
a-t-il lancé aux 2 500 délégués réunis à Tours, lundi 2 février. Il
faut rompre avec un faux dialogue social qui est une mascarade.”
Avant lui, d’autres délégués d’extrême gauche ont réclamé une grève
interprofessionnelle pour « bloquer l’austérité ».
Le Monde mêle tout et son contraire
– en ajoutant d’ailleurs la remarque fielleuse d’une “salle peu attentive”. Car à vrai dire, l’évocation de la “grève interprofessionnelle” ne gêne en
rien l’appareil central. C’est même devenu à FO une incantation rituelle, celle
de la grève de 24 heures, suite à quoi tout rentre dans l’ordre. Autre chose
est évidemment la demande de rupture avec le dialogue social (même si on peut
contester l’adjectif “faux” dialogue social”, puisqu’au contraire il s’agit d’une
“vraie” collaboration pour liquider les acquis ouvriers). À la CGT, comme à FO,
et aussi à la FSU, la contradiction entre la politique bourgeoise de l’appareil
et la nature de classe de l’organisation syndicale n’a pas disparu. Elle ne
pourra que resurgir avec force dès que le prolétariat lui-même se remettra en
mouvement.
Le prolétariat plus que
jamais paralysé
Ce n’est
certes pas encore le cas. L’épisode de l’union nationale n’a fait que renforcer
le sentiment d’impuissance du prolétariat. Les rares tentatives de mouvement,
dans la plupart des cas, se fracassent sur la politique des appareils
syndicaux.
Ce fut
le cas chez les éboueurs de Marseille. Après 5 jours de grève, les éboueurs ont
repris le travail sans obtenir la moindre de leurs revendications. Non
seulement ils n’ont pas obtenu le retour au système du fini – parti qui pendant
des décennies avait permis aux éboueurs de quitter le travail au terme de la
tournée. Mais encore, la très modeste revendication de création (ou plutôt de
rétablissement) de 10 des 25 postes supprimés précédemment est passée à la
trappe. Tessier, le représentant patronal de la collectivité de communes, exulte :
« Il n’y aura pas une création de
poste, seulement de la mobilité interne ». Quant au responsable FO,
Rué, après avoir expliqué que « la
grève, c’est ce qu’il faut absolument éviter » et que la direction
avait dû lancer un préavis sur l’injonction de la base, il se flatte de sa
propre capitulation : « La
preuve est faite qu’entre gens sensés, on peut arriver à un accord ». Et
Tessier peut conclure : « La
privatisation n’est pas un sujet tabou », indiquant par là, que contre
les éboueurs, il entend pousser son avantage.
L’issue
est la même chez les chauffeurs routiers. Dans ce secteur, la concurrence des
ouvriers des pays de l’est de l’Europe est terrible. En vertu du scélérat
accord européen sur les “ travailleurs détachés”, ils peuvent être embauchés en
France sans que le patron soit astreint à payer les cotisations sociales de
droit français. Mais il y a plus. Les grandes entreprises de transport routier
comme Dentressangle ont créé leurs propres filiales
dans ces pays, ce qui leur permet de payer les camionneurs pour un salaire de
quelques centaines d’euros. Elles tournent la loi qui en théorie limitent la
durée de travail de ces camionneurs en France. Dans ces conditions les salaires
des travailleurs routiers, y compris ceux dont le contrat de travail est
entièrement soumis au droit français, est misérable. D’où la revendication de
5% d’augmentation.
Mais
les routiers sont victimes d’une véritable politique de bousille de la part de
leurs dirigeants syndicaux. Il ne s’agissait pas véritablement de grève, mais
de barrages “ciblés” et limités. Ajoutons que le “mouvement” était appelé par
plusieurs syndicats, dont la CGT et FO, mais pas par le syndicat majoritaire
CFDT, qui finalement appelait le mercredi 28 tout en indiquant à qui voulait l’entendre
que “personne ne peut donner une
augmentation de 5%”. Et dès 17 heures, tous les dirigeants syndicaux
appelaient à lever les barrages au nom de l’ouverture des négociations sous l’égide
du gouvernement. Dans ces conditions, point besoin d’être grand clerc pour
connaître l’issue des dites négociations. C’est la défaite totale qui est
annoncée.
La situation de la
bourgeoisie française l’exige : le gouvernement est sommé de frapper toujours plus fort !
C’est
fort de cet immense désarroi du prolétariat que la bourgeoisie exige du
gouvernement qu’il frappe toujours plus fort. “ Fouette, cocher !” voilà ce qu’exige inlassablement les
représentants du capital financier du gouvernement Hollande-Valls-Macron-Pinel,
son obligé.
« Il faudrait des remèdes autrement plus
vigoureux pour sortir le pays – et la zone euro – du piège de la “stagnation
séculaire” », déclare doctement Claire Guélaud dans Le Monde de l’Économie. Et de citer favorablement le livre de
Marie-Paule Virard et de Patrick Artus (ce dernier est conseiller économique de
la banque Natixis) :
« Ils proposent de ramener le smic de 62% à 50%
du salaire médian - soit une baisse de 20%, ndlr - … “de mettre en place un contrat de travail
unique – c’est-à-dire de liquider le CDI –, de repousser d’une année l’âge de la retraite pour tous et de
stabiliser les dépenses vieillesse dans le produit intérieur brut à 14%, de
placer les négociations salariales sous surveillance ».
Déjà on peut
entendre le fracas des premiers tirs d’artillerie qui précèdent la prochaine
offensive au sol en particulier contre la jeunesse. Cela prend comme toujours
la forme de “rapports” dont le gouvernement commence toujours par dire qu’“ils ne l’engagent pas” : par
exemple celui qui propose de faire payer au tarif fort des droits d’inscription
aux étudiants étrangers (pour commencer) ; ensuite, celui qui suggère la
fin de l’APL pour les étudiants ou la fin du cumul de cet APL et de la demi-part
fiscale liée à la déclaration de l’étudiant comme faisant partie du foyer
fiscal. On ne fera que mentionner ici la nouvelle offensive contre
l’enseignement public en particulier la réforme des collèges (voir Article
enseignant).
Aucune
illusion ne peut être entretenue : le feu roulant des attaques ne peut
cesser que si le prolétariat et la jeunesse le mettent en échec. Car cette
nécessité est guidée par la situation de la bourgeoisie française dans le cadre
de la crise récurrente du mode de production capitaliste.
Économie : une
situation périlleuse en Europe, plus périlleuse encore en France
« La reprise économique s’esquisse pour
2015 »,
titrait Le Monde du 24
décembre. C’est bien connu, et comme le dit la chanson : « Le bonheur, c’est toujours pour demain ».
Mais en l’occurrence Le Monde du
24 décembre nous invite à croire... au Père Noël. Car à regarder les données
objectives, strictement rien n’annonce une quelconque amélioration. La dette
continue d’enfler (elle a pris 4 points de PIB en 2014), l’activité du secteur
privé continue à se contracter, l’investissement des entreprises continue à
diminuer ou stagne (dans les meilleurs trimestres), le chômage vole de record
en record. Selon les chiffres officiels – qui sous-estiment grossièrement –
voir à cet égard ce qui était dit dans CPS
55 – il y a eu 189 000 chômeurs de plus en 2014, après 174 800 de plus en 2013,
près de 600 000 de plus depuis l’élection de Hollande. Dans les banlieues,
il touche 50% des jeunes, un chiffre “grec” ou “espagnol”.
Sur le
marché mondial, dans les relations entre puissances capitalistes, c’est la
lutte de chacun contre tous. Mais en même temps, chacun dépend de tous. C’est
encore plus vrai à l’échelle de l’Europe. Or la situation de l’Europe est
particulièrement périlleuse. Jusqu’à un certain point, le taux de change entre
monnaies est l’expression du rapport de forces entre les différentes puissances
capitalistes – même si, de manière contradictoire, les uns et les autres, comme
on le verra, ont intérêt à avoir une monnaie la plus faible possible pour
gagner des marchés. En tout cas, il est hors de doute que dans la conjoncture
présente la baisse de l’euro par rapport au dollar en particulier est l’expression
de la faiblesse des économies des pays d’Europe.
Partout
en Europe (sauf en Allemagne) une dette qui enfle, des investissements
stagnants, et une déflation dont la menace se précise (‑ 0,2% en
décembre) : déjà un fait dans le sud de l’Europe, elle se propage en son
cœur, en particulier au sein de ce qui est censé constituer sa locomotive, l’Allemagne,
où les prix à la consommation ont chuté de 0,3% en décembre, une première
depuis 2009. Or cette déflation est à la fois l’effet de la récession (en
particulier de la baisse des salaires et du resserrement du marché qui pousse à
la baisse du prix des marchandises), et la cause de son amplification (puisque
chacun attend pour acheter – ou s’agissant des capitalistes pour investir – que
les prix baissent).
C’est
ce qui a conduit Draghi au nom de la BCE à annoncer l’achat sur 18 mois de plus
de 1100 milliards d’obligations sur le marché dit “secondaire” d’obligations d’État.
Refusant de payer pour les autres, l’impérialisme allemand avait toujours
opposé son veto à des rachats massifs de titres de dettes souveraines par la
BCE. À présent, il s’y résout parce que la détérioration de la situation
économique de ses rivaux au sein de l’UE pèse de plus en plus sur sa propre
croissance, inférieure à celle de l’ensemble de la zone euro aux deuxième et
troisième trimestres 2014. Pour autant, c’est aux conditions de l’impérialisme
allemand qu’a été prise la décision de la BCE. D’une part, Merkel a insisté
pour que ce « quantitative easing »
soit couplé à l’intensification des « reformes structurelles » que
chaque gouvernement devra mettre en œuvre sur le dos de son prolétariat. D’autre
part la BCE ne conservera à son bilan que 20% des titres achetés, le solde
étant porté à celui des banques centrales nationales afin de réduire au maximum
la mutualisation des risques, honnie par l’Allemagne. Une nouvelle fois, éclate
au grand jour la véritable nature de l’UE : un cadre de coopération
conflictuelle entre impérialismes rivaux, cadre où s’exerce l’influence
prépondérante de l’impérialisme allemand.
Mais
les divisions en Europe ne sont pas circonscrites à l’UE : elles s’expriment
aussi à ses frontières, où la décision de la BCE a fait une première victime
collatérale : la Suisse. Anticipant cette décision et la baisse de l’euro
qu’elle allait entraîner, la Banque nationale suisse a annoncé de manière
précipitée et sans aucune coordination la fin du « plancher » de l’échange
du franc suisse contre l’euro. En clair, jusqu’à cette annonce, on ne pouvait
contre 1 franc suisse obtenir plus d’1,20 euro. Désormais, cette limite n’existe
plus. Il est clair que la décision de la BNS était dictée par les intérêts des
banque suisses... fusse au détriment d’ailleurs de l’industrie suisse dont les
produits sont renchéris à l’exportation, contraignant le patronat à s’adapter…
en procédant à des baisses de salaires.
La conséquence
de la décision de la BNS a été la valorisation du franc suisse de 30% par
rapport à l’Euro. Ce qui en dit long sur la confiance des “investisseurs” dans
les économies de l’Union européenne.
Le but de la
BCE est évident : d’une part, inonder le marché d’euros et par conséquent,
en augmentant la masse monétaire en circulation, provoquer mécaniquement un
effet inflationniste ; d’autre part, par le même biais, obtenir une
nouvelle dévalorisation de l’euro par rapport aux autres monnaies, et donc
améliorer la compétitivité des marchandises produites en Europe sur le marché
mondial ; enfin, permettre aux banques qui se débarrassent ainsi dans de
bonnes conditions de
leurs obligations d’augmenter leur capital disponible
et donc leur possibilité de prêter aux capitalistes à des conditions qui
pousseraient ces derniers à investir.
Pourtant une
question hante les spécialistes bourgeois de l’économie. Est-ce que cela va
marcher ? Et tous de dire : rien n’est moins sûr. Car les
capitalistes n’investissent que s’ils ont la perspective de produire. Et ils ne
produisent que s’ils ont la perspective de vendre. Or la vente est ardue du
fait de la saturation du marché. Et le marché est saturé du fait que –
nonobstant le caractère florissant du marché à l’usage de la classe bourgeoise
elle-même – la consommation populaire est d’autant plus limitée que baissent
salaires et retraites et qu’augmente le chômage. Mais n’en déplaise à Mailly
cité plus haut, il ne saurait être question de résoudre le problème en augmentant
les salaires, car l’effet serait la baisse de compétitivité, donc la mévente
des marchandises, donc à nouveau la surproduction. Par quelque bout qu’on
prenne les choses, l’impasse est celle du mode de production capitaliste
lui-même. On ne peut trancher le nœud gordien qu’en en finissant avec le
capitalisme lui-même.
Japon, Chine et États-Unis
aussi
C’est
dire les limites des expédients financiers de la BCE. Le problème est loin d’être
propre à l’Europe. La BCE ne fait qu’emprunter le même chemin que la BoJ
(Banque centrale du Japon) il y a deux ans. Or le Japon est aujourd’hui en
récession. Certes dans un premier temps le yen a baissé, les exportations
japonaises ont augmenté, la consommation de la bourgeoisie et de la petite
bourgeoisie ont augmenté, stimulée en particulier par l’envolée boursière (les
liquidités disponibles ont en effet alimenté la spéculation boursière). Mais l’effet
a été de courte durée. La baisse du yen a renchéri les produits d’importation,
en premier lieu l’énergie. Le gouvernement a décidé d’augmenter brutalement la
TVA pour faire porter aux masses le fardeau de l’écrasante dette japonaise
(plus de 200% du PIB). Du coup, la consommation populaire s’est effondrée. Fin
du “miracle” japonais...
Des
expédients financiers : c’est encore ce à quoi a recours le gouvernement
chinois en décidant de baisser les taux d’intérêts de la banque centrale et de
réduire le volume légalement obligatoire des fonds propres des banques. Là
aussi il s’agit de stimuler les prêts bancaires, donc les investissements. De
manière complémentaire, Pékin au début 2015 a donné son feu vert à un plan de
relance de 920 milliards d’euros (16% du PIB chinois) en faveur de grands
projets d’infrastructures afin de soutenir la construction, secteur-clef de l’économie
chinoise. L’ensemble de ces mesures ont pour objectif d’enrayer la baisse de la
croissance, située bien en-deçà du chiffre officiel de 7,4% pour 2014. Plus
significatif encore est l’annonce de la contraction en janvier de la production
industrielle chinoise, du fait notamment de la saturation des marchés d’exportation.
Mais le remède risque d’être pire que le mal. La Chine croule déjà sous des
milliers de projets non rentables (transports, stades et villes
fantômes…), conséquences du gigantesque plan de relance décidé par Pékin en
2008. De ce fait, les banques chinoises sont grevées d’actifs douteux ou
irrécouvrables. La crise de surproduction, le krach bancaire menacent.
C’est la
situation de l’économie chinoise qui explique fondamentalement l’effondrement des
matières premières : le pétrole mais aussi les métaux. Le pétrole comme le
fer ont perdu plus de la moitié de leur valeur en six mois. Le facteur décisif,
c’est le ralentissement économique, donc la baisse de la demande en énergie et
en matières premières industrielles. Sans doute d’autres facteurs peuvent
intervenir. Par exemple, il est clair que si l’Arabie Saoudite a décidé de ne
pas réduire le débit de sa production, c’est aussi pour ruiner ou affaiblir ses
concurrents : l’Iran, mais aussi les producteurs américains du gaz de
schiste.
Mais cela
constitue un élément secondaire. Le facteur premier, c’est encore et toujours
la surproduction. Il faut avoir une bien courte vue pour imaginer que la baisse
du pétrole, au-delà de l’effet d’aubaine qu’elle peut provoquer dans certains
secteurs ou pour certains pays, constitue une “bonne nouvelle” pour l’économie
capitaliste mondiale. Elle constitue au contraire une marque incontestable de
la gravité de la maladie...
C’est dans ce
contexte qu’il faut apprécier les communiqués de victoire, en premier lieu
celui d’Obama dans son discours sur l’État de l’Union, sur l’économie
américaine.
Il ne fait
aucun doute que l’économie américaine a bénéficié – au détriment de ses
concurrents – de la politique de la FED qui la première, avant la BoJ, avant la
BCE, avait eu recours, et dans des proportions plus vastes, aux “rachats
d’actifs”, le fameux “quantitative easing”,
ainsi qu’à la baisse des taux directeurs (lesquels continuent d’ailleurs à être
à l’étiage). Elle l’a fait en bénéficiant, en outre, de la place privilégiée du
dollar dans les échanges mondiaux. Mais elle a bénéficié surtout – ce que les
commentateurs bourgeois se gardent bien de dire - des violentes attaques contre
les conditions d’existence de la classe ouvrière américaine permettant de
lutter contre la baisse du taux de profit, et de la destruction de masses de
capital vivant et mort
(ce dont témoignent les fermetures massives
d’usines dans l’industrie automobile par exemple).
Cela étant,
les chiffres de l’économie américaine sont pour une large part une
mystification. En premier lieu bien sûr celui du chômage. On annonce un taux de
chômage de 5,6%. Mais le “taux de participation” - qui mesure la proportion de
la population active qui occupe un emploi ou en cherche un - est de... 62%, en
constante baisse ! Autrement dit, une proportion énorme de la population
est dans une telle situation qu’elle a renoncé à chercher du travail. La
réalité des États-Unis, c’est donc le chômage massif comme les salaires de misère.
Là aussi : il faut rétablir les choses. On nous dit : il y a un point
négatif dans la croissance américaine, à savoir la stagnation, voire la baisse
des salaires. Mieux vaudrait dire : un des facteurs qui expliquent la
“croissance” américaine, c’est justement... la baisse des salaries !
Et déjà, de
nouveaux nuages s’accumulent. L’investissement des entreprises américaines,
toujours inférieur à son niveau d’avant crise, a subi un net recul au dernier
trimestre 2014 dans le domaine des biens d’équipements : - 2%, du jamais
vu depuis 2009. Quant à l’embellie des firmes automobiles, elle arrive à son
terme. Des
bulles spéculatives menacent d’éclater dans plusieurs secteurs : sur celui
jusqu’alors juteux du gaz de schiste, dont la rentabilité est remise en question
par le prix bas du brut, mais aussi dans le secteur automobile, dont les ventes
ont été artificiellement gonflées par le recours à des crédits subprimes, sur le modèle de ceux en
vogue dans l’immobilier et à l’origine de l’éclatement de la crise financière
en 2008 : en 2014, ce type de prêts a représenté le ¼ des 900 milliards de
dollars de prêts auto consentis.
Enfin, toute
une partie de la bourgeoisie américaine s’inquiète de la hausse du dollar dont
l’impact se fait lourdement sentir. Le déficit commercial s’est ainsi creusé de
40 milliards au cours des trois derniers mois, détruisant près d’un point de
croissance. Pour l’année 2014, il est en hausse de 6% par rapport à 2013. Euro,
yen, dollar et même yuan : la guerre des monnaies s’intensifie, reflétant
l’exacerbation des rivalités entre puissances, incapables de résoudre la crise
et de ce fait contraintes, par le biais du cours des monnaies, à tenter de
reporter sur leurs concurrentes une part toujours plus grande du fardeau de
cette crise.
Grèce : un vote pour en
finir avec la paupérisation, la misère, la déchéance
produites par la crise du capitalisme
Baisse
des salaires, chômage de masse, liquidation du droit du travail, destruction
des systèmes de santé et d’enseignement : face au déluge de feu qui s’abat
contre le prolétariat, CPS a eu l’occasion
d’analyser les raisons de la faiblesse relative de la réaction du prolétariat
et sa raison fondamentale : son désarroi politique, sur lequel s’appuient,
en même temps qu’elles l’alimentent, les directions traîtres du mouvement
ouvrier. Et en même temps, nous n’avons cessé d’indiquer que dans des délais
que nous ne pouvons prévoir, cette situation aura un terme.
Ce qui
vient de se passer en Grèce sur le plan électoral donne une indication des
développements à venir. Nous ne mettrons ici en évidence que quelques aspects
essentiels de la situation dans ce pays, le prochain CPS comprenant un article plus approfondi sur les leçons qui s’en
dégagent. La défaite nette du parti bourgeois Nouvelle Démocratie sur le plan
électoral ne peut être séparée des tentatives faites par le prolétariat grec,
la jeunesse pour en finir avec les attaques barbares contre ses conditions d’existence
sur le terrain direct de la lutte des classes. À plusieurs reprises, le gouvernement
grec confronté à la menace de la grève générale n’a dû son salut qu’à la
politique de trahison éhontée des dirigeants syndicaux de la GSEE, de l’ADEDY
utilement complétée par la politique de division de la PAME (centrale syndicale
dirigée par le KKE, parti stalinien en Grèce). Remarquons qu’à la tête de ces
organisations, les dirigeants syndicaux qui ont fait barrage au déferlement de
la grève générale sont les dirigeants du PASOK, du KKE et aussi dans certains
secteurs, tels celui de l’enseignement, ceux de Syriza lui-même.
Faute
de trouver un débouché politique sur le terrain de la lutte des classes
directe, le prolétariat et la jeunesse se sont saisis du terrain électoral pour
chasser le parti Nouvelle Démocratie. Celui-ci était bruyamment appuyé par la
“troika” haïe des masses grecques, troïka qui depuis des années exige
inlassablement, au nom du paiement de la dette, baisse des salaires et des
retraites, fermeture des hôpitaux et des universités, privatisations de tous
les secteurs de l’économie, etc.
Il faut
le noter. Ce n’est certes pas la première fois que le prolétariat grec se
saisit du vote pour les partis d’origine ouvrière pour défaire la bourgeoisie.
Rappelons que par exemple en 2009, les travailleurs avaient voté massivement
pour le PASOK pour chasser – déjà - Nouvelle Démocratie. Il faut d’ailleurs
indiquer que la défaite des partis bourgeois avait été à l’époque beaucoup plus
ample encore qu’aujourd’hui. Les partis d’origine ouvrière rassemblaient 56%
des voix contre environ 50 % des voix aujourd’hui.
Au sein
de ce vote ouvrier, un fait dont la signification déborde de loin la Grèce est
l’effondrement du PASOK. Depuis 2009, le PASOK a perdu plus de 9 électeurs sur
10 ! Il faut d’ailleurs y voir une preuve indirecte du caractère
“ouvrier-bourgeois” de ce parti. La prise en charge directe, brutale, par le
PASOK des plus violents plans contre les masses à travers le gouvernement
Papandréou d’abord, puis sa participation au gouvernement Nouvelle Démocratie,
a littéralement laminé ce parti car il ne peut exister qu’à travers le vote des
masses laborieuses. À l’inverse, l’électorat bourgeois est resté largement
fidèle à Nouvelle Démocratie qui ne perd qu’à peine plus de 100000 voix par
rapport aux élections de 2012 par exemple.
Le
second fait est la progression de Syriza. Syriza est à peine un parti. C’est un
regroupement hétéroclite dont la colonne vertébrale est néanmoins constituée de
l’ancien Parti communiste dit “de l’intérieur” flanqué d’une myriade de groupes
plus ou moins gauchistes. En ce sens, il peut être considéré comme “parti
ouvrier”, même s’il n’a pas hésité à intégrer en son sein des débris de groupes
purement petits‑bourgeois, en particulier les “Verts” grecs.
La progression
électorale de ce parti – qui depuis 2009 a multiplié par presque 7 le nombre de
ses électeurs, la captation par lui d’une bonne partie de l’électorat qui se
portait antérieurement sur le PASOK tient à une seule chose. Formellement, ce
parti s’est prononcé contre les “mémorandum” pris en charge par les gouvernements
dirigés par le PASOK puis Nouvelle Démocratie. Plus le temps passe, plus cette
opposition apparaît d’ailleurs plus formelle que réelle. Avant même les
élections, la direction de Syriza n’a cessé de donner des gages à la
bourgeoisie grecque et aux dirigeants de la troïka ainsi qu’aux Églises, en
premier lieu à l’Église orthodoxe grecque qui dispose de monstrueux privilèges
(énorme propriété foncière, prise en charge par l’État du clergé, exonération
fiscale). Voilà qui, du reste, explique largement les limites de la victoire de
Syriza qui est bien loin de retrouver le vote populaire dont bénéficiait le
PASOK en 2009. Le prolétariat grec a voté Syriza pour se débarrasser de
Nouvelle Démocratie. Mais il l’a fait dans le plus grand scepticisme quant à la
volonté réelle des dirigeants de Syriza de s’en prendre réellement au capital,
ce dont témoigne aussi le faible enthousiasme populaire à l’annonce des
résultats.
Syriza (comme le KKE et le PASOK)
dressé contre la constitution d’un
gouvernement des seuls partis ouvriers
Il n’en
reste pas moins que le résultat des élections donne une majorité incontestable
en sièges aux partis d’origine ouvrière à l’Assemblée nationale grecque, en
vertu du système électoral qui amplifie considérablement au niveau des sièges l’écart
en voix.
Syriza
dispose de 149 sièges, le KKE de 17 et le PASOK de 13, soit 179 voix sur 300. N’en
déplaisent à tous les commentateurs proches du PCF et des groupes plus ou moins
gauchistes, il est juste de compter comme sièges de partis ouvriers-bourgeois
les sièges du PASOK. La politique des dirigeants du PASOK a conduit à réduire à
sa plus simple expression la force de ce parti. Il n’est pas encore détruit –
quand bien même sa destruction n’est nullement impossible à brève échéance – et
continue à avoir une réelle influence par exemple aux sommets des organisations
syndicales.
La
possibilité mathématique existe donc incontestablement de constituer un
gouvernement des seuls partis ouvriers : un gouvernement Syriza-KKE-PASOK.
Force est de le constater, les dirigeants de ces trois partis sont au moins d’accord
sur une chose : pas question de constituer un tel gouvernement ! Mais
évidemment la responsabilité principale appartient aux dirigeants de Syriza.
Car c’est à eux que revenait la responsabilité de proposer la constitution d’un
tel gouvernement. S’ils l’avaient fait, les dirigeants du KKE et du PASOK
auraient été mis dans la situation de porter par leur refus la seule
responsabilité de sa non constitution.
Si
Syriza ne l’a pas fait, c’est pour une raison très simple. D’un tel
gouvernement, les masses auraient été en situation de faire valoir leurs
exigences. La toute première de ces exigences porte sur l’annulation pure et
simple de la dette, le refus de la payer. Cette dette résulte à la fois des
décisions budgétaires des gouvernements bourgeois, par exemple des sommes
énormes englouties dans le budget militaire (la Grèce est ainsi le troisième
client de l’industrie militaire française !) ; elle résulte de l’exonération
d’impôts des patrons et de l’Église ; elle procède de prêts visant à
renflouer les banques grecques, elles-mêmes souvent filiales de groupes
bancaires émanant de puissances impérialistes dominantes. Elle n’est donc à
aucun titre celle du peuple grec. Le peuple grec ne doit pas un sou !
Au-delà
de cette première exigence, les travailleurs grecs auraient été amenés à en
faire valoir d’autres : à bas l’euro ! rétablissement des salaires et
pensions à leur niveau antérieur à 2008 ! rétablissement de tous les
postes supprimés dans la Fonction publique ! annulation de toutes les
contre-réformes du droit du travail, dans l’Enseignement, dans la Santé !
Inévitablement,
l’exigence de l’annulation de toutes les privatisations opérées depuis 2009, de
la nationalisation sans indemnité ni rachat de ces entreprises et des banques,
de la soumission à l’impôt de l’Église et des capitalistes qui en sont
totalement exonérés, sous peine d’expropriation immédiate, aurait surgi.
Voilà
ce qu’il fallait éviter à tout prix. Et voilà pourquoi depuis des années les
dirigeants de Syriza concoctaient cette alliance scélérate au gouvernement avec
les Grecs Indépendants. Voilà
pourquoi ils redoutaient plus que tout d’avoir une majorité absolue au Parlement,
allant même jusqu’à s’abstenir de combattre pour qu’une partie de la jeunesse,
frappée de plein fouet par la crise, puisse participer aux élections, ainsi que
le révélait Libération la veille du
scrutin : « la génération
sacrifiée, les plus jeunes condamnés au chômage ou aux petits boulots à 400
euros, seront en partie exclus du scrutin. 100000 jeunes qui auront 18 ans
cette année sont privés de vote. Ils auraient pu en principe être enregistrés
sur les listes et voter, mais le gouvernement a invoqué une campagne électorale
trop courte (3 semaines) pour anticiper cet enregistrement qui se déroule d’habitude
en février. Reste que Syriza ne s’est pas trop battu pour ses voix perdues ».
En constituant un
gouvernement avec les Grecs Indépendants, parti bourgeois ultra-réactionnaire,
les dirigeants de Syriza tentent de passer un nœud coulant autour du cou du
prolétariat grec
Le
parti des Grecs Indépendants est une scission de Nouvelle Démocratie. C’est
donc un parti bourgeois qui dispose par ailleurs de caractéristiques bien
précises.
C’est
un parti ultra-clérical : « Nous
croyons dans les valeurs et le caractère éternel de la religion orthodoxe »,
indique son programme. Il s’oppose à toute remise en cause des liens entre
l’Église et l’État, il est violemment anti-laïque, se dresse contre la remise
en cause de l’enseignement religieux à l’école, contre toute remise en cause
des privilèges fiscaux de l’Église.
C’est
un parti panhéllenique qui défend les revendications territoriales chauvines de
la Grèce à Chypre, qui développe une rhétorique anti-macédonienne et
anti-albanaise, qui défend l’énorme budget militaire grec et la place de la
Grèce dans l’OTAN.
C’est
un parti raciste, homophobe qui soutient que la Grèce ne doit pas tolérer plus
de 2,5 % d’immigrés sur son territoire et donc chasser les autres.
C’est
un parti qui non seulement se réclame clairement de la défense du capitalisme
mais considère que la fiscalité sur les sociétés déjà dérisoire doit être
baissée pour soutenir la « compétitivité » de l’économie grecque.
Voilà
quelques-unes des « lignes rouges » que les Grecs Indépendants
enjoignent à Syriza de ne pas franchir dans le cadre de l’alliance. En se
rendant immédiatement après son intronisation au Mont Athos pour s’y incliner
respectueusement devant les autorités de l’Église grecque, Tsipras a commencé à
donner les garanties que ces « lignes rouges » ne seraient pas
franchies. De même en nommant le dirigeant de ce parti au ministère de la
Défense.
L’alliance
avec les Grecs Indépendants indique la nature du gouvernement
Tsipras-Kammenos : un gouvernement bourgeois de collaboration de classes.
Tout dépend de la capacité
du prolétariat et de la jeunesse grecs à imposer la rupture de l’alliance avec
la bourgeoisie, l’expulsion du gouvernement des Grecs Indépendants
Il est
tout à fait clair qu’avec un tel parti au gouvernement, aucune revendication ne
peut être satisfaite pour les masses. Mieux encore, très rapidement, le feu
roulant de l’offensive meurtrière contre elle reprendra inéluctablement. Du
reste, les dix jours qui viennent de s’écouler sont très éclairants. En Europe,
les prétendus amis et présumés ennemis du gouvernement Tsipras-Kammenos ont
tous indiqué qu’il ne serait pas fait la ristourne d’un seul euro sur la dette
grecque. La BCE a commencé à couper les fonds des banques grecques, lesquelles
utilisaient ces fonds pour acheter de la dette publique grecque. Face à cela,
le gouvernement grec a déjà de facto renoncé au combat pour l’annulation, ne
serait-ce que d’une partie de la dette grecque. Le ministre de l’économie
Varoufakis a donné toutes les garanties sur le fait que les privatisations
opérées depuis 2008 ne seraient pas remises en cause.
La
situation actuelle ne laisse pas place aux demi-mesures : ou bien la voie
du combat pour l’expropriation du capital, la rupture avec la troïka et toutes
ses exigences, ce qui commence par la dénonciation de la dette ; ou bien
la soumission complète aux exigences du Capital, ce qui signifie que, non
seulement les quelques engagements pris par Tsipras sur les augmentations des
plus bas salaires et les retraites seront très rapidement mises au placard,
mais encore qu’il faudra inlassablement programmer de nouvelles attaques. De
par sa composition même, le gouvernement Tsipras-Kammenos ne peut emprunter que
cette dernière voie.
En Grèce, en France, partout :
la question décisive celle du Parti ouvrier révolutionnaire
Mais l’engagement
du gouvernement Tsipras-Kammenos dans cette voie ne peut pas s’opérer sans
soubresauts. Car la victoire électorale de Syriza s’est faite non seulement
pour en finir avec les plans de misère et de famine de Samaras aux ordres de la
troïka, mais aussi avec comme arrière-fond l’expérience de la trahison éhontée
du PASOK depuis 2009. Comment les masses pourraient-elles tolérer sans réagir
la reproduction par d’autres de la même trahison ?
La
question qui demeure entière est de savoir ce qui triomphera de l’écœurement
(voire du désespoir) ou de l’aspiration au combat pour une issue ouvrière. Nul
ne peut prétendre avoir la réponse. Mais une chose est sûre : tout dépend
de la constitution en Grèce d’un regroupement politique qui cherchera, contre
la politique des dirigeants de Syriza, du KKE, du PASOK, les voies d’un
programme révolutionnaire reliant l’exigence immédiate de constitution d’un
gouvernement des seuls partis ouvriers appuyés sur l’existence de la majorité
existant pour ces partis à l’Assemblée, au combat pour l’expropriation du
capital, pour le socialisme. Inutile de le dire : un tel combat ne peut
trouver d’issue sur le seul terrain national, quand bien même il s’engage d’abord
sur le terrain national. C’est le combat pour les États-unis socialistes d’Europe.
A cet
égard, dans des conditions différentes, c’est le même combat en France et en
Grèce. C’est ce combat auquel, avec ses forces, notre Groupe pour la
Construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire, de l’Internationale Ouvrière
entend contribuer. Nous invitons nos lecteurs à s’y associer.
Le 5
février 2015